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CENSURE & CINEMA

CENSURE & CINEMA

Collection Darkness, censure et cinéma


Choukri, un hombre sincero, censuré au Maroc ?

Publié par darkness-fanzine.over-blog.com sur 28 Avril 2016, 13:08pm

Catégories : #choukri, #censure, #maroc, #cinéma

Mathieu Albertelli nous apprend sur le site du huffpostmaghreb.com, la déprogrammation par le Festival de cinéma de Nador (Maroc) de Choukri, un hombre sincero (2016, Driss Deiback), un documentaire sur la vie du célèbre écrivain. Natif de Melilla (Maroc), le réalisateur espagnol crie à la censure dans un communiqué reproduit ci-dessous, même si son œuvre a obtenu un visa d’exploitation. Pour justifier sa décision, le directeur du festival lui aurait expliqué que le film aborde des « thèmes délicats » susceptibles de « blesser les sensibilités, surtout celles des intégristes religieux et d’autres spectateurs conservateurs », telle la scène durant laquelle Rajae Boumediene, la traductrice de Choukri, affirme que « l’arabe est une langue répressive et castratrice » pour les femmes, les empêchant notamment « d'exprimer dans l’intimité leurs désirs sexuels avec leurs amants sinon elles sont considérées comme des putains ». Dans son article, Mathieu Albertelli rapporte aussi que le style de vie de l'écrivain dépeint dans le documentaire aurait également posé problème, l'auteur du roman le Pain nu y étant décrit comme « un libre penseur » peu respectueux de l'Islam. « Il ne faisait pas le Ramadan et buvait de l’alcool », déclare ainsi le réalisateur dans son communiqué.

Le Festival aurait finalement proposé de le projeter au moment même de la célébration, dans un autre lieu de la ville, d'un « événement propre au festival où l'on distribuera des prix et des hommages » pour éloigner les spectateurs, indique Driss Deiback, et d'ajouter qu'il aurait même été demandé à son producteur, Ezran Films, de « fournir une copie en basse qualité afin d'éviter tout piratage ». Une demande qui, selon le réalisateur en colère, constitue en réalité « un acte de sabotage » destiné à dévaloriser son travail.

Communiqué de Driss Deiback

CHOUKRI CENSURÉ AU FESTIVAL DE NADOR

 

Comme on l’annonçait depuis plusieurs semaines, le dernier travail du directeur de cinéma mélillien Driss Deiback, Choukri, Un Hombre Sincero un documentaire sur Choukri,  un personnage polémique et maudit avait été sélectionné pour participer aux festivals de Malaga et de Nador. Dans la ville de la Costa del Sol, la projection aura lieu vendredi prochain 29 avril au théâtre Echegaray à 17h.

Au festival de Nador, la projection avait été annoncée et allait être programmée pour le vendredi 6 mai à 18h et malgré avoir obtenu le visa d’exploitation du Centre Cinématographie Marocain (CMM), il ne sera pas projeté.

Le directeur du Festival international de cinéma et mémoire commune, Abdesslam Boutayeb, a fait savoir au directeur Deiback, il y a deux jours à travers un communiqué froid et bref, que vus les thèmes délicats que le documentaire aborde et pour ne pas blesser les sensibilités surtout celles des intégristes religieux et d’autres spectateurs conservateurs, lui personnellement et de manière unilatérale décide de retirer de la programmation le documentaire pour déclarer par la suite quand on lui demande davantage d’explications, avec l’arrogance propre à un burocrate médiocre “parce que c’est MON FESTIVAL et point c’est tout” oubliant qu’il s’agit d’un festival payé avec de l’argent public. Quand le directeur s’est plaint en disant que cela fait plus de deux mois qu’il avait été sélectionné, on lui a répondu qu’il pouvait présenter toutes les plaintes qu’il voulait car étant donné qu’il était citoyen espagnol elles n’avaient aucune possibilité d’aboutir au Maroc.

Voici quelques thèmes que le documentaire aborde et qui effraient le directeur du Festival international de cinéma et mémoire commune, M. Boutayeb.

1) La traductrice de Choukri, Rajae Boumediene, une philologue marocaine reconnue affirme que pour les femmes musulmanes l’arabe est une langue répressive et castratrice, car elles ne peuvent pas exprimer dans l’intimité leurs désirs sexuels avec leurs amants sinon elles sont considérées comme des putains. Par contre, aux hommes, on leur tolère toutes sortes d’expressions même les plus vulgaires. Cependant comme le Coran considère que les femmes valent la moitié des hommes, dans l’héritage et dans d’autres questions, on leur applique d’autres mesures.

2) Dans une autre scène, un professeur de philosophie affirme que vu que Choukri n’a pas assisté, petit, à l’école coranique, il s’est libéré , de fait, de toute superstition religieuse et ainsi tout son potentiel créatif a été préservé d’un lavage de cerveau.

3) En outre, on dit que Choukri ne faisait pas le Ramadan, buvait de l’alcool et était un libre penseur.

4) Une autre scène qui dérange M. Abdesslam Boutayeb, est que le documentaire rappelle, comme l’expose un écrivain connu et professeur tangérois-américain que ce qui fait le plus de mal aux censeurs et continue toujours dans le monde musulman, est que cet écrivain rifain a écrit ses livres dans la langue sacrée du Coran pour décrire ce qu’il a expérimenté avec les drogues, la vie dans les rues, les maisons closes, l’énorme injustice et la violence que la société marocaine commettait habituellement contre les classes les plus défavorisées.

Probablement, après avoir réfléchi au scandale que cela allait provoquer et censurer quelque chose d’approuvé par le ministère, deux jours après, il se remet en contact avec le cinéaste mélillien et sans analyser les conséquences il lui dit que pour nuancer l’impact du documentaire pour le public et le faire passer inaperçu donc invisible, il était en train d‘étudier la possibilité – enfreignant sa promesse de le programmer à 18h – de le passer à 15h, car ce jour- là et à la même heure dans un autre lieu de la ville, on célébrera un événement propre au festival où on distribuera des prix et des hommages, entre autres au maire de Rotterdam, en conséquence la salle de projection à cette heure-là serait vide de spectateurs, et en plus, il pensait- violant toute règle de festival- projeter une copie de basse qualité d’image et de son que la productrice Ezran Films lui procura pour éviter tout acte de piraterie et seulement pour être projeté sur un ordinateur. Il refuse de recevoir de la productrice une copie de haute qualité.

Tout un acte de sabotage d’un film de la part d’un festival qui, on suppose, doit donner son appui et une plus grande diffusion aux films sélectionnés et non s’acharner sur eux.

Des individus comme ceux-là, sont ceux qui font que le Maroc ressemble à une République Bananière.

 

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