La justice administrative annule le visa d'exploitation interdisant Salafistes aux moins de 18 ans

Après la décision du 12 juillet 2016 de la cour administrative d'appel de Paris annulant le visa d'exploitation de la version longue de Nymphomaniac vol. 1, on apprend ce soir par une dépêche de l'AFP, reprise par de nombreux sites d'information en ligne, que le même jour, le tribunal administratif de Paris a annulé le visa ministériel du 27 janvier 2016 qui interdisait la représentation du documentaire Salafistes (2015, Lemine Ould Salem et François Margolin) aux moins de 18 ans. Se faisant, les juges ont donc validé l'ordonnance du juge des référés qui a suspendu la décision du ministre de la Culture le 18 février 2016 .

Réagissant rapidement, le ministère a indiqué prendre acte de la décision du tribunal, rappelant dans un communiqué que la Commission de classification avait « émis par deux fois, avec une majorité forte, un avis en faveur du moins de 18 ans, en raison de l'absence de commentaires et de l'extrême violence des images ».

Si dans son jugement le tribunal constate effectivement que le film présente « des propos et des images extrêmement violents et intolérants susceptibles de heurter le public », les juges estiment en revanche que les scènes considérées, par « leur portée et la façon dont elles sont introduites dans le documentaire, participent à la dénonciation des exactions commises contre les populations » permettant ainsi « au public, du fait même de sa conception d'ensemble et du réalisme de certaines scènes, de réfléchir et de prendre le recul nécessaire face à la violence des images ou des propos qui ont pu y être présentés », et de conclure que par conséquent, « contrairement à ce que soutient la ministre de la Culture et de la Communication, ledit documentaire ne peut être regardé comme véhiculant une propagande en faveur de l'intégrisme religieux ou incitant, même indirectement, des adolescents à s'identifier à des mouvements prônant l'action terroriste ».

Le documentaire Salafistes sera donc bel et bien interdit aux moins de 16 ans, comme le suggérait le juge Heu en février 2016.

Enfin, dans un communiqué diffusé dans la foulée, la société Margo Cinéma voit dans le jugement rendu par le tribunal administratif de Paris mardi dernier, une « immense victoire pour les auteurs de ce film, en même temps que pour les libertés d'expression, de création et d'information », expliquant que la justice a naturellement sanctionné « une décision totalement injuste, prise dans le contexte de l'état d'urgence ».