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CENSURE & CINEMA

CENSURE & CINEMA

Collection Darkness, censure et cinéma


L'Amour et la Révolution est déprogrammé à Nancy et Le Grand bain ne peut être projeté dans un cinéma Art et Essai à Rouen

Publié par darkness-fanzine.over-blog.com sur 24 Octobre 2018, 21:13pm

Catégories : #censure, #cinéma, #interdiction, #rouen, #nancy, #L'Amour et la Révolution, #Le Gran bain, #Art & Essai

Le 23 octobre 2018, Yannis Youlountas dénonce la censure de son documentaire L'Amour et la Révolution - qui montre « dix ans après les premières émeutes », les conséquences de « la cure d’austérité en Grèce » - après sa déprogrammation répétée dans une dizaine de villes dont Nancy : « Nous sommes encore obligés de changer de lieu : après une première déprogrammation à l’amphi de Lettres de la Fac, c’est ensuite une MJC qui est finalement revenue sur son accord oral. […] Ben oui : nous sommes sans doute politiquement incorrects vis-à-vis des notables locaux qui écrivent les règlements des lieux subventionnés et supervisent leurs activités culturelles. » Si cette situation qui touche à la liberté d'expression n'est pas exceptionnelle, elle pose également la question de la liberté de programmation.

 

En d'autres mots, les exploitants de salles sont-ils libres de projeter les films qu'ils veulent ?

 

En octobre 2011, Douglas Hickson (Ciné City), l’unique exploitant de salles en Nouvelle-Calédonie, annonce son intention de ne pas programmer L’Ordre et la morale (2011) de Mathieu Kassovitz : « Nous sommes une entreprise de divertissement, alors que ce film est un film polémique. Nos salles ne sont pas le lieu approprié pour le présenter. » Une affaire que l'on peut rapprocher de la décision du réseau de salles Utopia qui refuse de projeter le film israélien À cinq heures de Paris (2009) de Léon Prudovsky, en juin 2010, en réaction à l’offensive israélienne sur le cargo turc transportant de l’aide humanitaire destinée aux populations palestiniennes de la bande de Gaza. Dans ce cas comme dans l’autre, rien n’oblige juridiquement un exploitant de salles à programmer ou à déprogrammer un film, de plein gré ou sous la pression.

 

Plusieurs exemples pris parmi d'autres, illustrent la situation :

 

  • En 2004, à la sortie du film de Mel Gibson, La Passion du Christ, le réseau des salles MK2 ne souhaite pas le programmer, Marin Karmitz – son président – rejetant l’idée que des spectateurs puissent assister à la torture d’un homme « pendant deux heures avec un pot de pop-corn à la main ».

  • Après les incidents ayant émaillé les projections de Paranormal Activity 4 (A. Shulman, 2012) à Mantes-la-Jolie (Yvelines) et Montataire (Oise) le 31 octobre 2012, événements durant lesquels des adolescents ont profité de la célébration d'Halloween pour semer une pagaille indescriptible dans deux cinémas, le film Sinister (S. Derrickson, 2012) est menacé de déprogrammation dans une quarantaine de salles pour prévenir d'éventuels troubles à l'ordre public.

  • En mars 2016, le cinéma niçois le Mercury, propriété du département des Alpes-Maritimes, qui devait présenter en avant-première le documentaire La Gueule du loup, le déprogramme finalement sur injonction du Conseil départemental. Une affaire qui n’est pas sans rappeler celle du film Timbuktu (Abderrahmane Sissako, 2014) déprogrammé du cinéma municipal à la demande du maire de la commune de Villiers-sur-Marne en janvier 2015.

  • Plus récemment, le documentaire Libre (Michel Toesca, 2018) qui raconte le combat de Cédric Herrou pour aider les migrants dans la Vallée de la Roya, ne suscite guère l'enthousiasme des cinémas du département des Alpes-Maritimes si l'on excepte celui de la commune d'Antibes qui a organisé une projection dès le 7 juillet dernier.

 

Plus rarement, ce sont les exploitants de salles qui s'insurgent de ne pas pouvoir programmer un film. C'est ce qui vient d'arriver à Hervé Aguillard, le directeur du cinéma Omnia République à Rouen qui condamne, sur sa page Facebook, la décision de StudioCanal de ne pas vouloir distribuer Le Grand bain (Gilles Lellouche, 2018) dans le réseau des salles classées Art & Essai : « L’accès aux films reste encore une véritable bataille qui est loin d’être gagnée pour les salles indépendantes classées art et essai. En effet, nous aurions aimé vous proposer pour les vacances scolaires la comédie de Gilles Lellouche, Le Grand bain, un film populaire certes, mais qui a été projeté à Cannes en mai dernier et qui est plutôt de bonne qualité... Hélas, c’était sans compter sur le refus catégorique de son distributeur (StudioCanal) qui a décrété, de son bureau parisien, que ce long-métrage n’était pas pour nous ! Ce même distributeur a choisi de privilégier les grands circuits et les multiplexes considérant que notre public n’était pas assez ouvert d’esprit pour accéder à une comédie et qu’une salle art et essai n’avait pas vocation à diffuser des films de large audience ! »

L'Amour et la Révolution est déprogrammé à Nancy et Le Grand bain ne peut être projeté dans un cinéma Art et Essai à Rouen
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