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Accusé d'insulter les prisonniers et leurs familles en « donnant une fausse image de la réalité de l’incarcération dans les geôles israéliennes », on apprend qu’Amira (2021) du réalisateur égyptien Mohamed Diab - à qui l’on doit notamment Les Femmes du bus 678 - suscite de vives critiques en Palestine et dans tout le monde arabe.
Initialement sélectionné par le Comité royal jordanien des films pour représenter la Jordanie à la prochaine cérémonie des Oscars – le Comité défendant une œuvre dont « la valeur artistique et le message ne nuisent en rien à la cause palestinienne ni à celle des prisonniers ; et qui, au contraire, mettent en lumière leur détresse, leur résilience ainsi que leur volonté de vivre une vie décente en dépit de l'occupation » -, sa candidature n’a finalement pas été retenue en raison « de la récente polémique » et « par respect pour les sentiments des prisonniers et de leurs familles ».
Amira raconte l’histoire d’une Palestinienne de 17 ans, née de l’insémination du sperme de son père emprisonné par Israël, qui découvre que la semence utilisée était en réalité celle d’un geôlier israélien.
Financé par l’Égypte, la Jordanie, les Émirats Arabes Unis et l’Arabie Saoudite, Amira est vilipendé et accusé par les réseaux sociaux de « servir l'occupation israélienne en Palestine » en « se moquant des prisonniers ». Pour l’Autorité palestinienne et le Hamas dont des centaines de membres sont enfermés dans les prisons de l’État hébreu, ce film n’est rien d’autre qu’un « service rendu à l’ennemi sioniste ».
Bien que l’équipe du film se défende en expliquant qu’il s’agit d’une fiction et non d’un documentaire, les critiques sont nombreuses et déferlent sur Internet. « Ce n’est pas un film comme Amira qui nous fera douter de la paternité de nos enfants », a écrit sur Facebook Lydia Rimawi, une Palestinienne qui explique avoir eu trois enfants avec le sperme de son mari prisonnier grâce à l’aide de codétenus de son époux qui sont parvenus à leur libération à lui faire passer de petites fioles de sperme ». Selon des sources palestiniennes, au cours de la dernière décennie plus d’une centaine d’enfants de prisonniers auraient été conçus de cette manière.
Amira, qui pourtant avait été présenté en avant-première mondiale le 3 septembre 2021 à la Mostra de Venise, a été déprogrammé de la première édition du Red Sea International Film Festival (RSIFF), le premier grand festival international du film organisé à Jeddah en Arabie Saoudite du 6 au 15 décembre 2021.