Des députés et une pétition réclament la modification du titre du film Les Segpa

On apprend qu’après avoir vu la bande-annonce des Segpa (Hakim et Ali Bougheraba, 2021), Bertrand Sorre, député de la Manche, a officiellement demandé au ministre de l’Éducation nationale la modification du titre du film dont la sortie est attendue sur les écrans le 20 avril prochain. « Ce film et ce titre sont des invitations à mépriser des élèves en difficulté », estime le député LREM de Granville, ancien enseignant en Segpa (section d'enseignement général et professionnel adapté), des classes destinées à des élèves présentant des difficultés scolaires au collège. Pour Bruno Studer, député du Bas-Rhin et président de la commission de l’Éducation et des Affaires culturelles de l'Assemblée Nationale, « l'humour, s'il ne consiste qu'à réciter un point de vue stigmatisant voire un point de vue socialement raciste, n'est que vulgarité ».

La bande-annonce du long-métrage inspiré d'une websérie à succès a provoqué un début de scandale dans le monde enseignant. Rachid Zerrouki, enseignant en Segpa et auteur du livre Les incasables, a notamment fustigé sur Twitter un film faisant passer les élèves concernés pour des « abrutis, martyrisant ainsi une confiance en eux déjà bien délabrée ». « Il est lamentable de contribuer à la stigmatisation de nos élèves les plus fragiles et de leur famille en véhiculant des stéréotypes dévalorisants », a critiqué de son coté le syndicat enseignant, SE-Unsa : « Les élèves de Segpa (ici joués par de jeunes adultes) sont représentés comme imbéciles, vulgaires et hostiles à toute forme d'apprentissage. »

Si le film coproduit par Cyril Hanouna a donc engendré la controverse pour son manque de réalisme, tout le monde ne partage pas la position des députés et du monde enseignant, certains rappelant qu’il ne s’agit que d’une comédie : « Aussi mauvais que puisse être le film, il rentre dans le cadre de la liberté d’expression et de la satire », écrit Loïc Bodin au journal Ouest France. « Je suis admiratif du travail que font les enseignants en Segpa au quotidien […], mais je pense qu’il faut que l’on puisse continuer à rire de tout, y compris de la religion et de l’Éducation nationale. »

Ouest France précise enfin que le lecteur fait le rapprochement avec d’autres films, comme Les Municipaux (Francis Ginibre et Eric Carrière, 2018) à propos duquel « aucun maire ne s’est élevé pour crier au scandale ».

Toujours est-il que sur Internet, plusieurs pétitions circulent pour demander le « retrait du film Les Segpa », dont « Non à la dévalorisation des élèves de SEGPA » qui a déjà rassemblé plus de 80 000 signatures pour réclamer « la modification du titre du film et le retrait de toutes allusions à l'enseignement spécialisé indispensable dans notre système éducatif ».