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CENSURE & CINEMA

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Collection Darkness, censure et cinéma


En Chine, la plateforme Tencent Video censure la fin de Fight Club et de Lord of War

Publié par darkness-fanzine.over-blog.com sur 26 Janvier 2022, 07:07am

Catégories : #censure, #interdiction, #Tencent Video, #Chine, #Fight Club, #Lord of War

De nombreux spectateurs chinois se sont étonnés de découvrir la modification des films Fight Club (David Fincher, 1999) et Lord of War (Andrew Niccol, 2005) mis en ligne sur la plateforme Tencent Video. Ainsi la scène finale de Fight Club a été supprimée, remplacée par un carton expliquant que « la police a arrêté tous les criminels, réussissant ainsi à empêcher la bombe d'exploser. Après le procès, Tyler a été envoyé dans un hôpital psychiatrique pour y recevoir un traitement. Il a été libéré en 2012. ». Un message ajouté par Tencent Video qui change et inverse la morale du film. Dans la version originale en effet, David Fincher termine son film avec une énorme explosion. Après s'être débarrassé de sa double personnalité en se tirant une balle dans le visage, le narrateur assiste à l'attentat qu'il avait en fait lui même commandité avec sa petite amie Marla : des immeubles s'écroulent sur l'air de Where is my Mind des Pixies. Un twist accompagné d'un message anticapitaliste, puisque le spectateur comprend que le plan anarchiste du « héros » a fonctionné et que la destruction du système consumériste a commencé.

Fight Club est l’adaptation d’un roman éponyme de Chuck Palahniuk, publié en 1996. Interrogé sur la polémique, il a déclaré : « L'ironie est que la façon dont les Chinois ont changé la fin du film, c'est qu'ils l'ont alignée presque exactement avec la fin du livre, par opposition à la fin de Fincher, qui avait préféré un visuel plus spectaculaire. Donc, d'une certaine manière, les Chinois ont ramené un peu le film vers le livre. » L'écrivain s'amuse donc de la situation, lui-même s’étant battu contre la censure de ses ouvrages dans son propre pays : « Mes livres sont très fortement censurés aux États-Unis ! Le système pénitentiaire du Texas refuse de mettre mes livres dans leurs bibliothèques par exemple. Beaucoup d'écoles publiques et la plupart des écoles privées refusent de mettre mes livres. Mais ce n'est un problème qu'une fois que la Chine a changé la fin d'un film ? Moi je dois supporter depuis longtemps la censure de mes livres. »

Dans Lord of War sorti en France en 2006, Andrew Nicol filme Nicolas Cage dans la peau de Yuri, un vendeur de flingues en tous genres, sans foi ni loi, qui « gagne » à la fin en échappant à la prison pour retrouver son poste et continuer ses affaires lucratives. Le film précise aussi que cinq membres permanents de l'ONU, dont les États-Unis et la Chine, sont les plus gros vendeurs d'armes au monde. Sur le site de streaming, la séquence finale a été coupée, remplacée par un carton expliquant que « Yuri a confessé tous les crimes qui pesaient officiellement contre lui devant la justice, et a été condamné à une peine de prison à vie ». Une version chinoise plus courte d'une trentaine de minutes par rapport à l'original.

Interrogé, Tencent Video n’a pas souhaité préciser si la modification des deux films a été opérée d’initiative ou sur ordre des autorités chinoises. Selon une information publiée le 6 février 2022, 12 minutes ont finalement été restaurées. Seules les scènes de sexe ou de nudité (et notamment le plan final subliminal) restent censurées.

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