On apprend que l’épisode inédit de la saison 4 de Miraculous, les aventures de Ladybug et Chat Noir intitulé « Qilin » diffusé dimanche 6 mars 2022 dans Tfou, a été raccourci de plusieurs minutes au grand étonnement des téléspectateurs les plus attentifs.
Marinette, l’héroïne de la série, prend un bus parisien de la RATP en compagnie de sa mère. Sur le trajet, elle croit avoir le temps d’aller lui acheter des fleurs pendant un arrêt et descend seule avec son porte-monnaie et les tickets de transport. Un pari audacieux mais raté. Seule dans le bus, la mère de Marinette est confrontée à un contrôleur peu commode qui refuse de croire que sa fille va venir la rejoindre avec son portefeuille et les tickets.
La première séquence censurée de 30 secondes, montre le contrôleur incrédule face aux explications de Madame Dupain-Cheng, personnage d’origine asiatique : « Et j’imagine que vous n’avez pas de pièce d’identité non plus ? », lui lance-t-il sèchement en doutant également de la réelle existence de sa fille.
Dans la deuxième séquence censurée de 3 minutes, l’agent RATP présente la mère de Marinette à Roger le policier qu’elle connaît très bien car leurs filles sont dans la même classe. « J’ai une cliente pour toi, elle n’a ni ticket, ni argent et ni pièce d’identité. Cette voleuse s’est même inventé une famille avec une fille », lui dit-il. Paradoxalement, même si Roger sait qui elle est, il dit vouloir appliquer la loi en procédant à un contrôle de son identité. « Je suis la victime d’une injustice, êtes-vous des humains ou des robots? », se plaint-elle, humiliée, avant d’être menottée par quatre CRS casqués. « Injustice, abus de pouvoir et ignorance aveugle », ressent alors le Papillon, le méchant de Miraculous, avant d’envoyer sa malédiction.
Interrogé sur les réseaux sociaux au sujet de cette censure, le créateur Thomas Astruc a d’abord informé qu’il ne s’agissait pas de sa décision : « Il ne faut pas y voir de mauvaise intention, mais probablement un excès de prudence malheureux », a-t-il déploré. « En termes de sens, je pense que c’est contre-productif, puisque ça revient à montrer l’existence d’un arbitraire, mais sans l’expliquer, ni montrer comment il se construit. Dommage. »
Il a reconnu par ailleurs avoir écrit cet épisode à l’époque des manifestations des gilets jaunes : « À cette époque, nous travaillions sur les grands boulevards. On voyait les manifestants être encadrés par des centaines de CRS. J’ai été pris dans des affrontements en bas de chez moi, avec gaz lacrymogènes alors qu’on sortait juste pour amener le bébé au parc. On se demandait donc comment on pouvait en arriver à de telles extrémités, poursuit-il. D’où notre volonté de montrer comment, à partir d’un incident mineur, la situation pouvait dégénérer facilement si on appliquait la loi ou les ordres aveuglement. C‘est ce qui est contenu dans les dialogues de Sabine/Qilin quand elle leur demande si ce sont des hommes ou des robots, ou quand elle parle de la nécessité du discernement dans l’application de la loi. »
Thomas Astruc se justifie : « En aucun cas, et j’insiste dessus, il ne s’agissait de montrer une mauvaise image d’une institution, souligne. Pourquoi ? Parce qu’on s’adresse à des enfants. Nous devons montrer une bonne image des institutions parce qu’ils doivent pouvoir avoir confiance en elles. »
Contacté, le service de communication de TF1 n’a, pour le moment, pas répondu.