Organisée le 14 septembre 2022 par le cinéma Rio à Vancouver au Canada pour le 50e anniversaire de Deep Throat (Gerard Damiano, 1972), la projection unique du film a suscité l'indignation d’un groupe de militants de Rape Relief and Women's Shelter, qui dénonce la célébration du viol, se référant au témoignage de Linda Lovelace, de son vrai nom Linda Boreman, laquelle avait révélé dans son autobiographie les abus sexuels de son ex-mari, Chuck Traynor, pendant le tournage du film. Elle ira jusqu’à dire devant le Sénat américain, en 1984, à l’occasion de la rédaction d’un rapport sur l’industrie pornographique : « A chaque fois que quelqu'un voit ce film, il me regarde me faire violer. »
Malgré des menaces de mort, les exploitants ont tenu bon et ont fait en sorte que la séance se déroule normalement : « C'est le premier film porno qui se concentre sur la narration et le plaisir sexuel de la femme », a ainsi expliqué Corinne Lea, la gérante du cinéma, ajoutant que Linda Lovelace avait fait de nombreuses déclarations contradictoires : « C'est un film important dans l'histoire du sexe et de la pornographie au cinéma. Nous sommes des adultes et nous devrions tous pouvoir regarder des films, mêmes controversés, pour ensuite en discuter calmement. »
Dans un communiqué, Gerard Damiano Jr. et Christar Damiano, les enfants du cinéaste, ont déclaré qu'ils étaient attristés par la polémique : « L'histoire de Linda est très compliquée. Les abus subis dans sa vie personnelle avant, pendant et après le film sont parfaitement documentés et incontestables. Mais son point de vue a également évolué avec le temps. » A l’issue de la projection une table ronde a été organisée en présence notamment des Damianos et de Tom Waugh, expert en études cinématographiques.