On apprend que le 5 décembre 2022 à la Fémis, l’école nationale supérieure des métiers de l'image et du son située à Paris, certains étudiants ont quitté le cours de Nicole Brenez, la directrice du département Analyse et Culture cinématographique, après qu’elle ait choisi de montrer la fin du film Sombre (1998) de Philippe Grandrieux, pour illustrer son cours sur l’art et la manière de conclure un film, non sans avoir pourtant averti son auditoire de la violence de certaines images.
Deux jours plus tard, des élèves de première année, choqués, rédigent une pétition signée Les femmes de la promotion Kelly Reichardt : « Le viol n’est pas un motif narratif, il n’est pas un pivot dramaturgique, il n’est pas une pulsion de mort qui existe en chaque être humain. […] Le viol est une construction sociale largement acceptée, normalisée, esthétisée et érotisée. Il est temps d’en parler comme tel. » Dans l’urgence, la direction organise alors un débat : « Un échange fructueux », selon Nathalie Coste-Cerdan, la directrice générale, pour qui tout est rentré dans l’ordre : « Un groupe de réflexion, dont font partie certaines étudiantes de la pétition, s’est réuni plusieurs fois : comment mieux encadrer et contextualiser les représentations violentes, sans les interdire ? »
Doit-on dorénavant ne pas faire certains films ou les interdire au nom d’un humanisme réinventé et d’une nouvelle morale ? Une question d’autant plus importante que les étudiants en Arts, dont ceux qui demain feront le cinéma, s’en sont emparés.