Réalisateur politique de Z, L'Aveu ou encore Amen, Costa-Gavras dénonce la censure économique dont est victime le film Maintenant, ils peuvent venir (2015, Salem Brahimi) qu'il vient de produire (KG Productions), ce dernier n'ayant toujours pas trouvé de distributeur en France.
Dans un entretien accordé à Sanaâ Eddaif pour le site telque.ma, le cinéaste franco-grec s'est confié le 17 mars dernier à l'occasion de son passage à Rabat (Maroc) : "On ne peut pas se battre contre la censure économique. Si un distributeur vous dit que votre film ne l’intéresse pas, c’est sa liberté et elle est respectable. Mais je suis convaincu qu’on finira par le présenter car c’est un beau film. Salem Brahimi est entré chez nous comme stagiaire. Il est devenu 2e puis 1er assistant, puis conseiller pour mes scénarios. Un jour, il est venu avec cette histoire qui se passe durant la période tragique des années 1990 en Algérie. Il y raconte comment se faisait la pénétration par petits bouts des islamistes qui s’imposaient peu à peu et qui ont fini par prendre le pouvoir. C’est ce drame-là que le film conte et je pense qu’il est important de le raconter puisque c’est un sujet encore présent malheureusement. On verra pour la distribution, je ne suis pas inquiet."
Sur son blog Le monde selon Ravanello, le journaliste Olivier Ravanello s'indigne : "Pour la première fois en 30 ans, il n’a pas trouvé une chaine de télé pour l’aider. Ni TF1 la chaine des gens. Ni Canal+ la chaine des valeurs. Ni Arte la chaine des intellos. Ni France Télé qui a oublié sur ce coup d’être au service du public. Personne. Le producteur y est allé quasiment tout seul. Comme à l’époque de Z. Et oui, ce producteur s’appelle Costa-Gavras. On ne se refait pas. Ils y sont allés. Toute l’équipe. Sans compter leurs heures. Dans la cité Busserine à Marseille. À Alger et dans le chouf, pour les décors extérieurs. Sans peur et sans baisser les yeux. Je ne porte pas de jugement sur la qualité du film. Mais son propos impose qu’il soit donné la possibilité au public de le voir. Ce qui pour l’heure n’est pas garantie. Mais bon, même sans financement d’une chaine de télé le film est là. À ceci près que maintenant, il manque un distributeur pour le mettre dans les salles… Ça en fait du monde qui depuis le 11 janvier se dit autour d’un verre de champ' qu’il faut prendre ses responsabilités et protéger les valeurs de notre pays. Et bien voilà justement l’occasion pour eux de prendre leurs responsabilités. Distribuer ce film qui, aujourd’hui, après les attentats que nous avons connus, nous interroge."