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J'ai rencontré Caroline Vié en juin 2011, à l'occasion d'une projection organisée par la commission de classification des œuvres cinématographiques pour le film Présumé Coupable de Vincent Garenq. Oui, Caroline est journaliste, membre du syndicat français de la critique de cinéma (SFCC). A ce titre, elle a intégré le collège des professionnels, l'une des quatre composantes de la fameuse Commission de classification dont je vous parle si souvent sur ce blog. Ce jour là, nous avons discuté. Brièvement. Son sourire, sa franchise et ses bons mots m'ont tout de suite permis de comprendre que j'avais face à moi une femme aux nombreuses qualités dont l'écoute, l'analyse et la tolérance. Nous nous sommes ensuite de nouveau croisés, beaucoup plus tard, en juin 2014, à l'occasion de la projection parisienne du documentaire Super 8 Madness de Fabrice Blin. Nous avons, une fois encore, échangé sur les dernières décisions de la Commission, les commentant avec la franchise qui nous caractérise tous les deux. Non, Caroline n'est pas une amie. Une connaissance tout au mieux. Toujours est-il que lorsque mon livre sur le contrôle cinématographique est sorti en février dernier, j'ai immédiatement su que je pouvais lui proposer de faire un échange avec son roman publié quelques jours plus tôt chez JCLattès. Comme je le supposais, Caroline a immédiatement accepté l'idée, et nos envois respectifs se sont croisés au début du mois de mars. J'ai ainsi bien reçu Dépendance Day, son second roman, dont j'avais entendu parler en des termes élogieux ici et là. Cependant, que penser des compliments mijotés entre journalistes ? Du copinage, certes légitime, mais un copinage sans doute dénué d'impartialité. Alors j'ai ouvert le livre, pour me faire un avis, sans avoir lu préalablement celui des autres. Et là, au fil des pages, d'abord en retrait, je me suis interrogé, doucement mis à sourire puis, progressivement, à ne plus sourire du tout. J'ai refermé l'ouvrage aujourd'hui, en fin de journée. Je suis resté sans voix quelques minutes, bouleversé par le récit de vies ordinaires malmenées par la saloperie d'Alzheimer. L'histoire de Morta m'a touché. Cette femme pétillante, secouée par le destin, les promesses et l'espoir, et finalement meurtrie par la vie qui lui a tout donné et tout repris sans aucune pitié. Caroline Vié a su parler de la maladie sans tabou, clairement, sans censure avec les mots qui touchent et qui m'ont fait réfléchir sur le sens de ma vie. Et je me suis senti devenir Morta moi aussi. Merci Caroline.