Mis à jour le 12 juin 2018.
Après plus de sept ans de production, Muhammad (2015), du réalisateur iranien Majid Majidi (Le Secret de Baran, Les Enfants du ciel), consacré à l’enfance du prophète Mahomet, est sorti mercredi 26 août dans 143 salles iraniennes, et a même été projeté en ouverture du Festival du film de Montréal (Canada). Réalisé avec l'accord des autorités religieuses chiites du pays, le premier volet d'une future trilogie consacrée à la vie du Prophète est fortement critiqué par les défenseurs de l’Islam sunnite considérant le long métrage comme une "incitation à l'idolâtrie". En 2012, alors que le film était encore en production, l'Arabie Saoudite avait déjà fait part de son opposition au projet : "Les Iraniens mêlent à la religion beaucoup de traditions persanes qui n'ont rien à voir avec l'Islam", avait dénoncé un membre de la Commission des affaires étrangères saoudienne dans le quotidien Al-Sharq Al-Awsat.
Pour Majid Majidi, le choix du sujet était pourtant évident : "Ces dernières années, une mauvaise lecture de l'Islam dans le monde occidental en a donné une image violente qui n'a strictement aucune relation avec sa vraie nature", et d'ajouter : "En tant qu'artiste musulman [...] mon objectif était de créer une vision [de l'Islam] qui change de celle qu'a l'Occident" et qui se résume souvent à un "terrorisme islamique attaché à la violence." Par un jeu d'effets spéciaux, son visage n'apparaît jamais, "mais on voit sa silhouette et son profil". Ce qui "peut être dénoncé par les plus radicaux", reconnaît le cinéaste.
Rappelons qu'un précédent film sur Mahomet, intitulé Le Message, a été réalisé en 1976 par le cinéaste américain d'origine syrienne Moustafa Akkad. Il comportait alors deux versions, une anglaise et une arabe, avec Anthony Quinn ou encore Irène Papas pour la version en anglais. À l'époque, le film avait suscité la polémique et plusieurs salles où il était projeté avaient reçu des menaces de musulmans radicaux le jugeant "blasphématoire". Le film sera projeté pour la première fois en Arabie saoudite à partir du 14 juin 2018, plus de 40 ans après son interdiction, a annoncé le distributeur du Message.