La députée européenne Michèle Rivasi (Les Verts), qui avait prévu de projeter au Parlement européen le film Vaxxed : from Cover-Up to Catastrophe (2016, Andrew Wakefield) le 9 février 2017 pour illustrer un débat portant sur les thèses controversées relatives à la nocivité des vaccins, a finalement dû renoncer à proposer la tenue de l'évènement dans son enceinte.
Le documentaire réalisé par un ancien médecin britannique qui a perdu son droit d’exercer en 2010, qui tend à démontrer le lien entre la vaccination et l’autisme chez les enfants - dont la diffusion a été déprogrammée du dernier festival du film de Tribeca à New-York mais aussi au sénat italien ainsi que dans un cinéma à Londres -, vient de soulever un vent de polémique parmi les écologistes européens eux-mêmes, balayant de ce fait toute possibilité d'organiser sa projection au coeur de la prestigieuse institution. Cependant, le film, suivi d'un débat, sera malgré tout proposé aux spectateurs intéressés à l’Espace Lumen (Ixelles) en présence du réalisateur et de Michèle Rivasi.
Dans un communiqué publié le 8 février 2017, le distributeur Cinema Libre Studio explique :
Le documentaire polémique américain Vaxxed: from Cover-Up to Catastrophe sera projeté cette semaine en France, en Belgique et au Royaume-Uni en dépit de tentatives de censure par des députés européens, la maire de Paris et le propriétaire d’un cinéma londonnien. Le film relate l’histoire d’un lanceur d’arlerte au Center for Disease Control and Prevention, l’institution publique de régulation de la santé aux Etats-Unis. Il révèle que l’agence a manipulé les données d’une étude affirmant qu’il y a un lien entre l’autisme et le vaccin ROR (Rougeole-Oreillons-Rubéole).
Vaxxed a défrayé la chronique l’année dernière lorsque sa projection a été annulée au Festival du film de Tribeca, après la pression de sponsors liés à l’industrie pharmaceutique. Malgré de nombreuses tentatives de le qualifier « d’anti-vaccin » et des actes de censures de la part de festivals et de médias, le film a été distribué dans plus de 60 villes aux Etats-Unis et au Canada, plus 500 projections événementielles. L’équipe du film a sillonné le pays en bus sous le nom de Vaxxed Tour, et a rassemblé des dizaines de milliers de témoignages sur des maladies liées à la vaccination. Robert de Niro, l’un des fondateurs du Festival du film de Tribeca, avait d’abord défendu le film, indiquant à la télévision : « je crois que ce film doit être vu par les gens ».
Vaxxed devait tenir sa Première européenne jeudi 9 février au Parlement européen, à Bruxelles, dans le cadre d’un débat sur la sûreté des vaccins organisé par la parlementaire française Michèle Rivasi. Mais à cause d’une campagne de désinformation menée par un petit groupe de bloggeurs suspectés d’avoir des liens avec l’industrie pharmaceutique, les députés européens ont décidé de censurer le film. La projection et le débat avec des experts et des scientifiques de plusieurs pays européens ont été déplacés à l’Espace Lumen, le 9 février. La parlementaire européenne Michèle Rivasi avait aussi programmé une projection du film à Paris, le lundi 13 février, dans le cadre d’un débat sur la sûreté des vaccins avec avec des experts et des scientifiques de plusieurs pays européens, à la mairie du 2e arrondissement. Mais mardi, la maire de Paris, Anne Hidalgo, a annulé cette projection avant même d’avoir vu le film. La projection et le débat ont été déplacés dans un autre lieu.
La semaine dernière, les Cinémas Curzon à Londres ont censuré le film, en annulant ce qui aurait dû être la première britannique, le 14 février, après avoir cédé à la pression du même groupe de bloggeurs. La première de Vaxxed se tiendra tout de même, dans un autre lieu. « Il est regrettable que la maire de Paris et des membres du Parlement européen aient cédé à la pression d’un petit nombre de fanatiques et cela sans avoir vu le film ou avoir cherché à le voir. Il est encore plus regrettable que des organismes de presse comme Le Monde ou Times usent la polémique créée de toutes pièces par les industries pharmaceutiques depuis plus de 20 ans pour empêcher une vraie étude sur les vaccins. La raison de cette polémique est liée au réalisateur du film, Dr Andrew Wakefield, qui est la cible d’une campagne de calomnie coordonnée depuis qu’il a remis en cause la sûreté du vaccin ROR en 1998. Il s’est ainsi opposé aux laboratoires Glaxo-Kline-Smith et Merck, dont les revenus se chiffrent en milliards de dollars, et qui contrôlent la majorité du marché du vaccin ROR aux Etats-Unis et au Royaume-Uni », explique Philippe Diaz, président de Cinema Libre Studio, le distributeur de Vaxxed.
Cinema Libre Studio continuera de distribuer Vaxxed aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et dans le monde entier afin d’ouvrir le débat sur les vaccins. Cet effort est possible grâce au réseau de militants, d’organisations et de lanceurs d’alerte, dont l’European Forum for Vaccine Vigilance (EFFV/UK), Sophie Guillot d’Info Vaccin Prevenar (France) et Mme Senta Depuydt (Belgique).
Vaxxed est produit par la Britannique Polly Tommey, créatrice d’Autism Media Channel et par Del Bigtree, ex-producteur de l’émission de télévision américaine The Doctors. Pour Andrew Wakefield, le réalisateur de Vaxxed, « ce film parle de la fraude organisée au sein de l’U.S. Centers for Disease Control and Prevention, avouée par le Dr William Thompson, un scientifique de cette agence. Ses dirigeants ont caché et détruit des données montrant un lien entre l’autisme et les vaccins ROR. Ce film n’est pas sur moi, même s’il soutient mon étude de recherche. Les conclusions de celle-ci, publiée dans The Lancet en 1998, ont été très critiquées par le General Medical Council britannique, mais ont été validées par l’English High Court. Wakefield est un gastroentérologue britannique qui a découvert, avec le Dr John Walker-Smith, l'un des grands pédiatres gastroentérologue dans le monde, qu’il pourrait y avoir un lien entre le vaccin ROR et l’autisme (1998). Avec 11 autres auteurs, ils ont publié leur recherche dans la revue médicale The Lancet en février 1998. En 2010, la British General Medical Council (GMC), agissant pour protéger le gouvernement, a décidé que le Dr Wakefield et son coauteur n’avaient pas respecté l’éthique nécessaire pour une telle étude. Les deux docteurs se sont vus retirer leurs licences professionnelles.
Tous les deux ont fait appel. La mutuelle professionnelle du professeur Walker-Smith's a pu payer pour cet appel. Mais cela n’a pas été le cas de la mutuelle du Dr. Wakefield, qui n’a dont pas pu aller au bout de la démarche judiciaire.
De nombreuses années après, en étudiant les premiers résultats, un juge britannique a estimé que les conclusions de la GMC étaient « fondées sur un raisonnement superficiel et inadéquat » et que « le jugement de mauvaise conduite professionnelle et la sanction qui y était liée ne sont pas valables ».
Toutes les accusations ont été abandonnées et le Dr Walker-Smith a pu récupérer sa licence. Il est certain que cela aurait été le cas pour Andrew Wakefield, si seulement il avait pu financer son procès. »