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CENSURE & CINEMA

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Collection Darkness, censure et cinéma


L'Iran salue le cinéaste Asghar Farhadi aux Oscar 2017, mais censure les épaules de la femme venue prendre sa récompense

Publié par darkness-fanzine.over-blog.com sur 1 Mars 2017, 09:20am

Catégories : #censure, #cinéma, #oscar, #charlize Theron, #iran, #farhadi

La Cérémonie des Oscar 2017 a distingué le réalisateur iranien Asghar Farhadi pour son film The Salesman (2016, Le Client) couronné Meilleur film étranger. Une victoire particulièrement médiatique en Iran, le cinéaste ayant refusé de se déplacer aux États-Unis pour protester contre le décret migratoire controversé du Président Donald Trump. « Diviser le monde entre les catégories 'États-Unis' et 'Nos ennemis' crée la peur, une justification trompeuse pour l'agression et la guerre », a déclaré Asghar Farhadi dans un discours lue par l'ingénieure et astronaute née en Iran Anousheh Ansari venue chercher la récompense, et d'ajouter : « Ces guerres empêchent la démocratie et les droits humains dans des pays qui ont eux-mêmes été victimes d'agressions. Les réalisateurs peuvent tourner leur caméra pour capturer des qualités humaines partagées et briser les stéréotypes sur diverses nationalités ou religions. Ils créent de l'empathie entre nous et les autres, une empathie dont nous avons besoin aujourd'hui plus que jamais ». Une séquence forte qui fait référence aux libertés d'expression et de création, diffusée en direct par la chaîne publique iranienne ILNA TV laquelle, dans le même temps, censure et floute une partie de l'épaule de l'astronaute, tout comme le décolleté bien trop plongeant de Charlize Theron quelques minutes plus tôt qui présente les films en compétition dans la catégorie. Tout un paradoxe.

Le 28 février 2017, dans un entretien donné au site 50-50magazine.fr en marge du focus sur le cinéma iranien organisé par le Forum des images en novembre 2016, Asal Bagheri, spécialiste du cinéma iranien et sémiologue, nous éclaire sur l’évolution de l’image de la femme dans les films iraniens, avant et après la révolution de 1972, sur la censure iranienne qui exclut les films « féministes ». Elle évoque également les films de la réalisatrice Rakhshan Bani-Etemad qui contribuent à donner une vision progressiste des femmes au cinéma : « Avant la Révolution, les films iraniens montraient la femme comme un objet, un accessoire consommé par l'homme. […] Avec la Révolution, le cinéma n'a pas disparu mais il y a eu très peu de films mettant en scène la femme ou son image. […] Au milieu des années 1980, les femmes réapparaissent doucement, mais elles sont pieuses, au service de leur époux. Elles ne sont jamais au centre de l'intrigue. Le gros plan est interdit et leur regard n'est jamais montré. […] Dans les années 1990 et jusqu'à aujourd'hui, les scénarios mettent de nouveau la femme au centre des films. Ils décrivent la vie et l'histoire de femmes de toutes conditions, allant de la prostituée à la mère célibataire. […] Ceci étant, la censure iranienne a toujours un problème avec les films dits féministes. »

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