Le 4 et le 8 février 2018 à Bucarest, des manifestants ont interrompu les projections des films Soldati. Poveste din Ferentari (Ivana Mladenovic, 2017) et 120 battements par minute (Robin Campillo, 2017) organisées dans un musée de la capitale roumaine, pour dénoncer la publicité faite à l’homosexualité : « Je proteste contre cette forme de propagande pro-gay dans un édifice symbole de la spiritualité du paysan roumain, qui n'a rien à voir avec cette idéologie », a déclaré une manifestante à une journaliste de l'AFP qui était présente sur les lieux.
Dimanche 4 février, la projection de 120 battements par minute a été chahutée par un groupe de jeunes spectateurs cagoulés diffusant de la musique dans la salle. La police a dû intervenir pour évacuer les perturbateurs. Quatre jours plus tard, une trentaine de personnes se revendiquant d’une association religieuse orthodoxe ont manifesté pour « défendre les valeurs millénaires de la nation roumaine » au moment de la diffusion de Soldati. Poveste din Ferentari, une co-production roumano-serbo-belge qui raconte l’histoire d’amour entre un anthropologue et un ancien détenu rom, et qui a reçu la mention spéciale du jury à la 18e édition du Festival de San Sebastián qui récompense chaque année les films qui reflètent le mieux les valeurs et les réalités de la communauté lesbienne, gay, transgenre, bisexuelle et intersexe (LGBTI).
Dans un communiqué, la direction du « musée du paysan » à l'origine des programmations controversées, a défendu sa décision de proposer des films « sans censurer leur contenu » et rappelé que « la liberté d'expression est l'un des principaux acquis de la démocratie roumaine » après le renversement du régime communiste en 1989. Pour être tout à fait complet, il convient également de rappeler que l’homosexualité a été dépénalisée au début des années 2000 en Roumanie. Un pays où les manifestations contre l'avortement ou le mariage pour tous sont particulièrement suivies. On se souvient qu'en 2013, la projection de The Kids are all Right (Lisa Cholodenko, 2010) qui raconte l'histoire d'un couple de femmes avec leurs enfants, avait été interrompue au moment de sa projection lors d'un évènement LGBT.