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CENSURE & CINEMA

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Collection Darkness, censure et cinéma


La Cour administrative d'appel de Paris vient d'interdire Cinquante Nuances plus claires aux moins de 12 ans

Publié par darkness-fanzine.over-blog.com sur 15 Mars 2018, 16:24pm

Catégories : #cinéma, #censure, #interdiction, #promouvoir, #cinquante nuances plus claires, #visa, #12 ans

Par ordonnance du 15 mars 2018, à la demande de l'association Promouvoir, le juge des référés de la cour administrative d'appel de Paris a décidé de suspendre (en partie) le visa d'exploitation de Cinquante Nuances plus claires (James Foley, 2018) en tant qu'il n'interdit pas la représentation du film aux mineurs de 12 ans.

Les arguments de l'association Promouvoir

 

Le 14 mars 2018 après-midi, le juge Fuchs Taugourdeau a examiné la demande de suspension du visa d'exploitation du film Cinquante Nuances plus claires présentée par André Bonnet au nom de l'association Promouvoir. La France étant le seul pays au monde qui a autorisé sa projection pour tous publics sans même un avertissement - comme nous le précisions sur ce blog au moment de sa sortie en salles le 7 février dernier -, Maître Bonnet a contesté cette situation singulière et demandé au moins son interdiction aux mineurs de 12 ans comme cela avait été décidé par la ministre de la Culture pour les deux précédents opus.

 

Pour emporter la décision, André Bonnet a soutenu :

 

  • que le film présente le sadomasochisme « de manière positive » et comme étant un « modèle enviable » aux jeunes spectateurs ;

  • que le film comporte plusieurs scènes de sadomasochisme « de nature à perturber de jeunes enfants »  dont « l’une appuyée, avec Richard léchant le seins de sa partenaire attachée à une grille, et lui appuyant un vibromasseur de manière insistante et agressive sur le corps puis sur son sexe ; et les « deux autres […] moins appuyées mais tout aussi suggestives […] où Anastasia passe de la crème glacée sur le torse de Richard, jusqu’à son bas-ventre, la jeune femme entreprenant de lécher la crème en descendant jusqu’à pratiquer une fellation (cette dernière non montrée toutefois, sinon par les expressions de plaisir de Richard). Puis c’est au tour de Richard de passer de la crème sur les jambes de sa partenaire, en partant de la cheville jusqu’à l’entrejambe, qu’il entreprend de lécher de la même manière, avant de terminer par un coït » ;

  • que « le message du film est la promotion – ou au moins la présentation favorable – du sadomasochisme imposé à la femme, en tant que ''soumise''. Les scènes [...] explicites à cet égard » constituent « un message à caractère violent » au sens de l'article 227-24 du Code pénal qui réprime « le fait soit de [...] diffuser par quelque moyen que ce soit et quel qu'en soit le support un message à caractère violent, [...] pornographique ou de nature à porter gravement atteinte à la dignité humaine […] lorsque ce message est susceptible d'être vu ou perçu par un mineur » ;

  • qu'en accordant un visa tous publics conformément à l'avis d'un comité de classification (ne comprenant que quatre membres), la ministre de la Culture n'a pas respecté les dispositions du nouvel article R.211-12 du Code du cinéma et de l'image animée qui impose que « la mesure de classification [soit] proportionnée aux exigences tenant à la protection de l'enfance et de la jeunesse, au regard de la sensibilité et du développement de la personnalité propres à chaque âge, et au respect de la dignité humaine » ;

  • que le film « n’a même pas fait l’objet d’un avertissement au point qu’on en vient à se demander si la volonté du ministre n’est pas, finalement, bel et bien d’encourager le sadomasochisme chez les jeunes ! » faisant référence à « la décision du Conseil d’État [...] rendue dans l’affaire Sausage Party le 8 février 2017 ».

 

Rappelons qu'en février 2017, Cinquante Nuances plus sombres (Fifty Shades Darker, James Foley) avait été interdit aux spectateurs de 12 ans en raison « de nombreuses scènes érotiques, mais édulcorées, sur fond de sadomasochisme, susceptibles de troubler un jeune public » sans que la décision ne soit contestée en justice.

 

La décision du juge des référés

 

Après avoir admis l'urgence de la situation « au regard de la nécessité d'assurer la protection de l'enfance », le film étant encore projeté dans plusieurs dizaines de salles en France, le juge des référés de la cour administrative d'appel de Paris a constaté que Cinquante Nuances plus claires « contient plusieurs scènes représentant des pratiques sexuelles à caractère sadomasochiste ; que si ces scènes sont simulées et relativement brèves au regard de la durée du film, elles sont traitées avec complaisance et sont susceptibles d'être perçues par un très jeune public comme décrivant des pratiques banales dans le cadre d'une relation amoureuse », et qu'à ce titre, la ministre de la Culture aurait dû l'interdire aux spectateurs de 12 ans « au regard des exigences tenant à la protection de l'enfance et de la jeunesse ».

 

Promouvoir a donc remporté le premier round. A cette heure, on ne sait pas encore si Universal et le ministère de la Culture se pourvoiront en cassation, en attendant que l'affaire soit jugée sur le fond.

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P
C'est bien sauf qu'il fallait le faire plus tôt parce que là, très peu de cinémas projetent encore le film... Dommage
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