Un-Freedom (Raj Kumar Amit, 2015) raconte deux histoires sur le fondamentalisme religieux et l'intolérance dans une société déchirée par les troubles politiques, religieux et sexuels, entre New York et New Delhi. Le premier récit nous permet de suivre Husain (Bhanu Uday), un terroriste musulman qui tente de faire taire Fareed (Victor Banerjee), un savant musulman libéral. Le second récit nous présente Leela (Preeti Gupta), une jeune femme qui refuse un mariage arrangé par son père parce qu'elle est secrètement amoureuse d'une autre femme.
Un-Freedom aborde frontalement les thématiques de la liberté, de la foi, de la famille et de l'amour. Une approche audacieuse que le Censor Board of Film Certification, (CBFC) a qualifié d'islamophobe, accusant le film de faire la promotion « des passions contre nature » et « d'encourager les viols et les violences entre communautés » (explicit lovemaking scenes, depiction of lesbian relationships, Islamophobia and religious fundamentalism).
Le réalisateur dévoile le long cheminement du film devant le CBFC : « Au début, le CBFC voulait que je supprime de nombreux éléments cruciaux. » Refusant catégoriquement de couper des scènes importantes comme l'exigeait le CBFC, Un-Freedom est alors interdit d'exploitation en 2015. En appel, le recours du cinéaste qui voulait expliquer sa démarche artistique, a été rejeté par l'Information and Broadcasting Appellate Tribunal (FCAT) qui a définitivement confirmé l'interdiction du film en Inde.
Malgré cette décision qu'il juge injuste, Raj Kumar Amit et son équipe sont tout de même parvenus à présenter Un-Freedom un peu partout à travers le monde, y compris en Inde dans les villes de Mumbai, Delhi et Bangalore.
Finalement, le film a récemment été proposé par Netflix, une plate-forme très populaire en Inde : « Je suis heureux que mon film puisse se retrouver librement et intégralement sur Netflix après son interdiction en salles, accessible par tous. Tout cela démontre parfaitement l'hypocrisie du système actuel de censure en Inde. Aujourd'hui, il n'y a aucun moyen de pouvoir contrôler les contenus numériques même si les censeurs font de leur mieux pour étouffer les cinéastes qui, comme moi, ont quelque chose de pertinent à dire », explique Raj Kumar Amit.