Le 23 mai 2018, le Huffpost nous rapportait les difficultés du réalisateur et scénariste algérien Yaniss Koussim pour terminer son premier long-métrage Alger by Night qui s'attache à décrire le monde de la nuit à Alger. Dans une lettre ouverte publiée sur sa page Facebook, le réalisateur a longuement expliqué les difficultés qu'il rencontre depuis plusieurs années pour achever cette coproduction entre l’Algérie, la France et la Norvège.
En 2014, il reçoit plusieurs financements algérien et étrangers dont l’aide du Doha Film Institut pour le Qatar et celui du Fonds algérien de développement de l’art, de la technique et de l’industrie cinématographiques. Après un conflit avec ses producteurs, Yaniss Koussim est privé des images qu'il a déjà tournées : « Après avoir bataillé quatre ans pour récupérer les images de mon film, j’ai enfin repris le travail en octobre 2017 là où on m’avait arrêté. Le miracle du cinéma avait opéré encore une fois, et après un peu plus de sept semaines de montage, j’avais entre les mains une version qui se tenait vers la mi-février 2018 », peut-on ainsi lire dans sa lettre ouverte.
Pourtant, en déposant la copie finale au ministère algérien de la Culture au début du mois de mai 2018 afin d'obtenir la dernière tranche d’aide destinée financer la post-production, il apprend que le film a été présenté à certains membres du ministère au mois de décembre 2017 qui l’auraient jugé « choquant, vulgaire, avec des scènes osées ».
Le cinéaste explique : « Au début, j’apprends que mon film pourrait être interdit au moins de 16 ans, puis les choses évoluent, mais pas dans le bon sens. On doit me délivrer au préalable un certificat de conformité, autrement dit, on doit vérifier la conformité du scenario que j’avais déposé pour obtenir l’aide à la production - et qui l’a reçu après un long débat entre les membres de la commission de lecture du fond d’aide au cinéma du ministère de la Culture - avec les images que j’avais tournées. Au 15 juin 2018, je n’ai reçu aucun courrier, aucune notification officielle à propos de cette vérification. […] J’ai déposé une lettre au ministère pour savoir ce qu’il en était…aucune réponse. »
Confronté à l'inertie des pouvoirs publics pour terminer son film, Yaniss Koussim a recours au crowdfunding : « À cause de cette histoire j’ai perdu beaucoup de temps, j’ai des contrats à honorer avec d’autres partenaires donc je me dois de trouver des solutions pour finir le film. Je lance donc cette collecte de fonds et suite aux conseils des coatchs de KisskissBankbank, j’ai décidé que la somme à atteindre par le crowdfunding […] allait être celle qui me permettra d’aller au bout du montage du film, soit 9 000 euros. Mais avec l’espoir de bien dépasser cette somme pour couvrir toute la post-production estimée à 75 000 euros, et arriver à la copie finale », précise le réalisateur à Latifa Labada.
Selon Yaniss Koussim, Alger By Night est « un film sans artifice. Comme la nuit, il est sans fard. Comme la nuit il ne se livre pas entièrement. Comme la nuit, il est libre : libre de prendre des chemins de traverse narratifs et formels, de transgresser les conventions esthétiques habituelles lorsqu'on doit filmer Alger, et de s’affranchir du réel et de la fiction ».
A ce jour, la campagne a rapporté seulement 730 euros. Il reste jusqu'au 26 juillet 2018 pour l'aider à finir son film.