Après l'interdiction de Razzia (Nabil Ayouch, 2018) au début du mois de mai 2018 en Égypte, les autorités estimant que « les événements de ce film, dont les manifestations citoyennes des pauvres marginalisés en quête de justice, rappellent les événements du 25 janvier 2011 qui ont abouti à la révolution égyptienne », on a appris l'interdiction de Karma (Khaled Youssef, 2018) qui raconte la relation tendue entre musulmans et chrétiens, à travers l’histoire d’un jeune musulman qui tombe sous le charme d’une chrétienne qu'il finira par l’épouser malgré les réticences des deux familles. En filigrane, la corruption qui sévit en Égypte y est également dénoncée via l’implication d’un personnage dans une sombre affaire de corruption.
Le 11 juin 2018, après avoir retiré le visa d'exploitation du film pourtant accordé au mois d'avril dernier, l'administration centrale de contrôle des œuvres audiovisuelles a finalement décidé de le restituer dès le lendemain après la pétition lancée par un groupe de cinéastes et d'intellectuels égyptiens, puis la controverse et les débats sur la liberté d'expression et l'ingérence des pouvoirs publics dans la vie culturelle qui se sont propagés sur les réseaux sociaux, devant le Parlement jusqu'au sein même du ministère de la Culture.
Karma est donc sorti sans coupures sur les écrans du pays à la date prévue. Dans la foulée de ce revirement, après avoir expliqué qu'il ne connaissait toujours pas la raison officielle de l'interdiction soudaine de son film, le réalisateur Khaled Youssef a remercié tous ceux qui sont intervenus pour résoudre la crise y compris le Parlement égyptien, le ministre de la Culture Inas Abdel-Dayem et les médias égyptiens