
On apprend que le Crown Prosecution Service (CPS), l'équivalent britannique du ministère public en France, a lancé une vaste consultation le 25 juillet 2018 afin de modifier le guide des poursuites engagées sur la base de l'Obscene Publications Act de 1959 qui sanctionne les pratiques obscènes jugées contraires à la décence, lesquelles peuvent parfois influencer les décisions (d'interdiction ou de modification) relatives à l'exploitation des œuvres cinématographiques au Royaume-Uni prises par le British Board of Film Classification (BBFC).
Parmi les questions posées, le point 16 de la question 2 interroge sur le fait de savoir s'il est toujours opportun de poursuivre certaines pratiques sexuelles telles que le fisting, l'urophilie, la scatophilie, l'émétophilie, la torture, l'humiliation, le bondage, l'introduction d'objet dans l'urètre ou encore toute autre activité sexuelle non interdite par la loi si elles sont consensuelles, si elles n'occasionnent pas de lésions graves, si elles sont réservées aux personnes majeures, et si elles ne sont pas en lien avec une organisation criminelle.
Derrière ce sondage étonnant, il convient de ne pas oublier qu'au mois de juin 2011, le BBFC a refusé de classer le film The Bunny Game (Adam Rehmeier, 2010), l'interdisant de facto d'exploitation en Grande-Bretagne, puis a expliqué que la description des violences sexuelles subies par une jeune prostituée kidnappée et humiliée dans un semi-remorque enfreignait la loi, ajoutant même que la nudité tendait à érotiser la violence et que « l’esthétique du film pourrait encourager certains spectateurs à partager le plaisir que prend l’homme dans l’humiliation de la femme ». La loi de 1959 et celle de 1984 imposent en effet au BBFC de veiller à ce qu'une œuvre de cinéma ne puisse pas provoquer un préjudice quelconque aux spectateurs ou à la société, notamment en encourageant « une vision déshumanisée des autres, l'insensibilité envers les victimes » et le « plaisir dans la douleur et l'humiliation d'autrui ».
Notons enfin que le rapport annuel du British Board of Film Classification (BBFC) pour 2017 qui vient tout juste d'être mis en ligne, nous révèle que si aucun film de cinéma n'a été classé X (et interdit aux mineurs) en 2017, 293 vidéos l'ont été dont 55 après censure, c'est-à-dire le plus souvent après la suppression de plans et de scènes contraires à la loi de 1959 sur l'obscénité.
Fin de la consultation le 17 octobre 2018.