Le 21 septembre 2018, afin de répondre à l'action engagée par la cinéaste devant les tribunaux, la Haute Cour de Nairobi a décidé le 11 septembre dernier de lever pour sept jours l'interdiction totale de Rafiki au Kenya, un délai suffisant lui permettant de concourir pour la cérémonie des Oscars. Le règlement et les critères de sélection pour les Oscars dans la catégorie Meilleur film en langue étrangère imposent en effet une « sortie du film dans le pays qui le soumet entre le 1er octobre 2017 et le 30 septembre 2018 » et ce, « pour une période de sept jours consécutifs dans une salle de cinéma à but commercial ».
Après avoir expliqué qu'aucun tribunal ne pourrait compenser « la célébrité, la gloire et l’exposition que peuvent apporter une nomination pour les Oscars », la juge Wilfrida Okwany a ensuite ajouté qu'il n'appartient pas au tribunal de « déterminer si l’homosexualité est bonne ou mauvaise, si elle est morale ou immorale, mais bien si un artiste ou un réalisateur a le droit, en exerçant son droit à la liberté d’expression et à la créativité artistique, de réaliser un film au thème homosexuel ».
Rappelons en effet que du fait de lois héritées de l’Empire colonial britannique, l’homosexualité reste illégale au Kenya, une posture législative qui a conduit le très conservateur Kenya Film Classification Board (KFBC) à interdire le film en raison de « son thème homosexuel et de son but évident de promouvoir le lesbianisme au Kenya, ce qui est illégal et heurte la culture et les valeurs morales du peuple kényan ».
Toujours est-il que le KFBC, tout en regrettant qu’un « film glorifiant l’homosexualité soit l’outil publicitaire du pays à l’étranger », a indiqué dans un communiqué qu’il respecterait la décision de justice. Interdite aux spectateurs de moins de 18 ans, la première projection de Rafiki a été organisée le 23 septembre 2018 au cinéma Prestige Plaza de Nairobi.