Le film La Nonne interdit au Liban pour diffamation à l'encontre des religieuses !

Zeina Antonios nous révèle que le Bureau de censure du Liban (General Security’s Censorship Bureau) chargé de visionner les films avant leur sortie en salles, a interdit d'exploitation totale The Nun (Corin Hardy, 2018), après à une recommandation formulée par le Comité des médias chrétiens (Christian media committee). Très attendu, le film qui devait sortir en salles le 6 septembre 2018 raconte l’histoire d’une novice et d’un prêtre chargés d’enquêter sur la mort d’une jeune nonne dans une abbaye roumaine. La Nonne se place chronologiquement avant les autres films de la franchise Conjuring, y compris Annabelle 2 (David F. Sandberg, 2017) qui a également été interdit au Liban en raison de scènes « offensantes pour la foi chrétienne ».

Le père Abdo Abou Kasm, le directeur du CMC, a expliqué « refuser tout film portant atteinte au corps ecclésiastique », ajoutant que « ce film utilise la personne de la nonne à des fins contraires aux croyances religieuses. Il faut faire la distinction entre la liberté d’expression et la diffamation. Ce film est diffamatoire à l’encontre des religieuses ». Plus loin dans l'entretien accordé à lorientlejour.com, il va même jusqu'à affirmer que « la propagande sioniste » est « à l’origine des films qui portent atteinte aux figures chrétiennes » : « Certes, les spectateurs ne sont pas des enfants qu’il faut tenir par la main, mais je crains que ce film ne forme chez les non-chrétiens des conceptions erronées sur le clergé. Si un bouddhiste par exemple regarde ce film, il va avoir une mauvaise impression des nonnes. […] Nous avons recommandé d’interdire ce film, mais nous ne sommes pas un pouvoir de répression. Nous donnons notre avis, et s’il n’est pas pris en compte, nous respectons la loi. […] Nous avons des prêtres spécialistes du cinéma qui regardent les films. S’il y a des scènes d’exorcisme par exemple, nous faisons appel à un prêtre exorciste. »

En outre, l'article nous apprend que trente minutes ont été supprimées du film Hereditary (Ari Aster, 2018) projeté il y a quelques semaines au Liban, et nous permet de mieux comprendre le travail et les intentions du CMC : « Chaque film est soumis à la censure qui le visionne puis fait un résumé détaillé à la Sûreté générale pour voir s’il y a de l’érotisme, de la nudité, des scènes relatives à la religion ou des éléments relatifs à Israël ou aux juifs », explique longuement Georges Asmar du site moviegoers.me : « La censure est plus forte dernièrement. On dirait qu’elle a été renforcée depuis un moment. Les films qui touchent au christianisme ou à l’Islam sont frappés par la censure. De même pour ceux qui ont un lien avec Israël et les juifs, qui sont dénoncés par le bureau du boycott d’Israël » tel Wonder Woman (Patty Jenkins, 2017) interdit l’année dernière au Liban en raison de la présence à l'affiche de l’actrice israélienne Gal Gadot.