Nouveau rebondissement : la Commission refuse d'assister à une nouvelle projection du film La Religieuse !

Comme nous l'avions annoncé il y a quelques jours, la commission de classification des œuvres cinématographique s'est réunie hier jeudi 13 septembre en formation plénière, pour visionner à la demande de son président, La Religieuse de Rivette qui avait reçu un avis pour tous publics en comité de classification le 31 août dernier.

Un tel renvoi, bien qu'autorisé par les textes, s'est heurté au refus des membres du collège des professionnels qui craignaient qu'il constitue un précédent et se systématise. Après un vif débat, la vice-présidente Catherine Ruggeri, qui présidait la séance en l'absence de Yves Gounin, a décidé de mettre aux voix la question de l'opportunité du visionnage de ce film en Commission. Une majorité des membres présents s'est prononcée en faveur du refus du visionnage. Une première !

Ce débat et ce vote interrogent.

L'article R.211-6 du Code du cinéma et de l'image animée donne au président de la Commission le pouvoir d'évoquer un film ayant reçu un avis tous publics en première instance. Ce droit n'a, à notre connaissance, jamais été utilisé. Mais il existe, et les membres de la Commission n'avaient, semble-t-il, aucune légitimité pour y faire obstacle. L'organisation d'un tel vote est juridiquement surprenante, pour ne pas dire déconcertante. Va-t-on désormais faire voter les membres de la Commission quant à l'opportunité de procéder à un second visionnage lorsque le ministre le lui demande ?

Pour autant, on comprend volontiers l'inquiétude de la profession qui pouvait craindre, à tort, que par ce biais, le président de la Commission n'influe sur les propositions de classification. Mais c'est faire un procès d'intention injuste à Yves Gounin qui en l'espèce, ainsi qu'il l'avait dit et écrit aux membres de la Commission le 4 septembre 2018, n'était aucunement favorable à une interdiction partielle ou, a fortiori, totale de La Religieuse, celui-ci souhaitant seulement donner à l'avis de la Commission la solennité que ce dossier historique appelle : « Si le comité, lors de sa séance du 31 septembre 2018, a rendu un avis unanime en faveur d'un visa tous publics, j'ai souhaité, après avoir consulté les membres de la commission réunie le 4 septembre 2018 que La Religieuse soit visionné en Commission, non par défiance à l'égard de l'avis rendu en comité, mais pour donner à notre proposition la solennité que ce film, dont la sortie en 1966 a marqué l'histoire de la classification cinématographique, appelle. »

Toujours est-il que les procédures ayant vocation à s'appliquer au delà des personnalités qui en ont la charge, le débat d'hier pose dorénavant la question d'une révision des termes de l'article R. 211-6 du Code du cinéma et de l'image animée.

Si pour le moment, Suzanne Simonin, la religieuse de Diderot est toujours interdit aux spectateurs de 16 ans, le président de la Commission devrait transmettre l'avis tous publics proposé par le comité de classification le 31 août dernier, afin de permettre au célèbre film de Rivette de sortir dans de bonnes conditions le 19 septembre 2018 en salles.