Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

CENSURE & CINEMA

CENSURE & CINEMA

Collection Darkness, censure et cinéma


Politique & Religion : KinoScript a aimé le dernier volume de la collection Darkness, Censure et Cinéma

Publié par darkness-fanzine.over-blog.com sur 13 Septembre 2018, 06:01am

Catégories : #censure, #cinéma, #interdiction, #LettMotif, #KinoScript, #Politique, #Religion, #Darkness

Fernand Garcia chronique le dernier volume Politique & Religion publié au mois d'avril 2018 par Jean-François Jeunet pour LettMotif dans la collection Darkness, Censure et Religion. En voici un large extrait :

Troisième volume de la formidable collection Censure & Cinéma de Darkness, Politique & Religion représente une sorte de défi tant le projet est vaste. Les érudits contributeurs de cette nouvelle livraison se limitent à quelques événements emblématiques des rapports entre censure et cinéma s’inscrivant dans ce périmètre.

A quelques articles de la fin de ce nouveau volume, l’article consacré à « Mais ne nous délivrez pas du mal » par Alan Deprez tombe à point nommé ; il faut dire qu’au fil des pages, on saisit rapidement que la censure cinématographique est une aberration née de la volonté farouche de l’élite de contrôler la population, de propager et de défendre la société et son système de valeurs, politiques, économiques et morales; dans ce but, rien ne doit attenter aux « bonnes mœurs ».

« Pensionnaires d’un établissement catholique rigoriste, deux jeunes filles (Anne et Lore) décident de faire le mal autour d’elles, plutôt que de respecter les préceptes de vertu en vigueur, relayés à travers les sermons du curé paroissial ». Mais ne nous délivrez pas du mal ! est un chef-d’œuvre subversif oublié de 1971. Premier film d’un jeune réalisateur, Joël Séria, totalement interdit en France pendant 9 mois, sauvé du purgatoire par la sélection de Quinzaine des Réalisateurs, et Henri Langlois le projette, contre l’avis du Ministère, à la Cinémathèque Française. Mais ne nous délivrez pas du mal est un véritable catalogue de propos et de situations, scabreuses et blasphématoires, interprétées par des (supposées) adolescentes, rien d’étonnant à ce que le film ait horripilé tous les pères la pudeur et les défenseurs de l’ordre morale.

Interdire un film n’est pas un acte anodin mais une violence qui sous-entend une certaine forme de mépris envers les spectateurs infantilisés et de volonté de régir les mœurs. Le cinéma dès les origines a été dans le collimateur de toutes sortes d’associations, d’organisations et bien évidemment de l’État.

[...]

A ce flot de censure, les autorités religieuses ne se sont jamais privées d’influencer ou d’intervenir directement ou indirectement pour mettre à l’index des œuvres contraires aux dogmes et à l’éthique religieuse. Ainsi l’affaire de Suzanne Simonin, la Religieuse de Diderot est une sorte de cas d’école. Laurent Garreau détaille longuement la suite de faits qui aboutit à l’interdiction totale du film de Jacques Rivette. Ardant défenseur du film dans une célèbre lettre ouverte à Malraux, Jean-Luc Godard sait de quoi il parle, « sa filmographie est jalonnée par la censure, en particulier dans sa première période ». D’interdiction totale en interdiction aux moins de 18 ans, Godard aura tout connu. « Lors du scandale suscité par Je vous salue Marie, Godard tire même habilement parti de la situation et, au lieu de décrier la censure et l’offensive des associations intégristes, il se félicite de sa propre capacité à susciter le débat et à toucher au « sacré », légitimant par là le rôle du cinéma, et de l’art en général » (Anabel Dutrop).

« En France, la loi du 9 décembre 1905 sur la séparation de l’Église et l’État limite une possible collaboration entre les deux institutions. (.) Pour faire face à ces difficultés d’immixtion, l’Eglise catholique s’organise et fonde en 1928 l’office catholique international du cinéma (OCIC), créant dans plus de quarante pays dont la France des centrales catholiques du cinéma (CCC) chargées d’établir, chaque semaine, une classification des films via un système de cotations… » (Christophe Triollet). Le clergé va donc intervenir sur la carrière des films en conseillant ou déconseillant nombre de films aux familles. L’influence est telle que, dans les années 60, des salles commerciales refusent de projeter des films dont la note est négative et heurte, entre autres, les convictions et préceptes religieux. Son influence ira déclinante jusqu’à être « remplacée » par les organisations et associations de défense de la foi. Les attaques se multiplient contre les films, les affiches, etc. En 1983, La Dernière tentation du Christ de Martin Scorsese atteint un nouveau palier dans l’intolérance religieuse. C’est un déchaînement de haine qui aura suivi le film dès sa mise en production (plusieurs fois avortée) jusqu’à sa sortie. Devant et à l’intérieur des cinémas qui projetaient le film, c’est la sarabande des intégristes. Au Gaumont Champs-Élysées, c’est dans l’angoisse que les spectateurs s’aventurent dans la salle après la fouille (une nouveauté à l’époque). Des catholiques intégristes prient dos à l’écran, sur le dos des fauteuils « pullman », c’est un festival d’inscriptions et de croix. Dans le hall qui conduit à la sortie, d’autres intégristes prient à genoux au milieu de l’allée ou face contre le mur. Spectacle hallucinant.

L'article complet : ICI.

Politique & Religion : KinoScript a aimé le dernier volume de la collection Darkness, Censure et Cinéma
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article

Archives

Articles récents