Rafiki : l'interdiction d'exploitation d'un film peut-elle être considérée comme une atteinte aux libertés de création et d'expression ?

Le 11 septembre 2018, Nina Pareja nous apprend sur le site slate.fr que Wanuri Kahiu, la réalisatrice du film Rafiki qui raconte l'histoire d'amour entre deux femmes au Kenya dont les pères s'opposent lors d'une campagne électorale, a décidé de porter plainte contre le Kenya Film Classification Board (KFBC) à la suite de l'interdiction de diffusion de son film dans son pays d'origine.

Rappelons qu'après avoir expliqué que le film ne correspondait pas au scénario qui lui a été présenté, le KFBC a l'interdit d'exploitation au Kenya en raison de « son traitement de l'homosexualité et de son but évident, promouvoir le lesbianisme au Kenya, ce qui est illégal et heurte la culture et les valeurs morales du peuple kenyan ». Ce que nous avions expliqué sur notre blog le 28 avril dernier.

Sachant que pour être nommé aux Oscars dans la catégorie Meilleur film étranger, un film doit avoir été projeté dans le pays d'origine avant la date limite de soumission de candidature, le 30 septembre cette année, Wanuri Kahiu estime que la décision du KFBC l'empêche de concourir et viole plusieurs articles de la Constitution qui protègent notamment la liberté d'expression et de création : « Quand quelqu'un commence à porter atteinte à votre droit d'être créative et d’exercer votre travail, cela devient un problème, c'est pour cela que nous avons décidé de mener l'offensive et d'emmener le KFBC au tribunal », a-t-elle déclaré le 9 septembre 2018 en marge du Toronto International Film Festival (TIFF).

Et si demain en France un cinéaste, un producteur ou encore un distributeur formulait une action en justice pour atteinte aux libertés de création et d'expression après une restriction à l'exploitation de son œuvre cinématographique ?