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CENSURE & CINEMA

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Collection Darkness, censure et cinéma


S'il n'est pas modifié, le film Ben M'hidi devrait être interdit d'exploitation totale en Algérie

Publié par darkness-fanzine.over-blog.com sur 3 Septembre 2018, 05:54am

Catégories : #censure, #cinéma, #interdiction, #Ben M'hidi, #Algérie, #film

Mis à jour le 11 décembre 2018.

Ahcene Tahraoui nous apprend dans l'édition culture du site el watan.com du 2 septembre 2018 que le film Ben M’hidi de Bachir Derrais, dont la sortie internationale est prévue dans quelques jours, devrait être interdit de projection en Algérie par le ministère des Moudjahidine dans un courrier adressé à son producteur le 30 août 2018.

Selon le site ALG24.net, le film a été interdit de projection dans sa version actuelle parce que « des scènes de conflit » entre Larbi Ben M’hidi et des Moudjahidine non prévues dans le scénario original déposé au ministère, ont été ajoutées par le réalisateur. Il s’agit notamment d’une séquence montrant l’accrochage entre Ben Mhidi et Ben Bella au Caire, et d'une autre avec Djamel Abdel Nasser. S'agissant d’un film historique, le ministère des Moudjahidine a informé le réalisateur de toutes les réserves émises par la commission des historiens chargée de valider son travail concernant des « scènes relatives au parcours du martyr », lui demandant de les modifier.

Djamel Eddine Miâadi, le directeur du Centre de recherches sur le mouvement national, a qualifié de « procédures réglementaires tout à fait ordinaire », les réserves émises sur le long-métrage, expliquant qu'en vertu « de la loi 11-03 sur le cinéma, publiée en février 2011, l’exploitation des films et des supports de communications est soumise à un visa », le centre de recherche veillant pour sa part à la « véracité des productions » en considération de l’interdiction posée par le même texte, du financement et la production d’œuvres « portant atteinte aux religions ou à la révolution de novembre et ses symboles ».

Cette décision qui demeure incompréhensible pour son réalisateur, soulève de nombreuses questions, et ce d'autant plus que le film a été financé pour moitié par les ministères de la Culture et des Moudjahidine.

Pour le cinéaste, ce long-métrage de plus de 2 heures qui raconte l'histoire du nationaliste Larbi Ben M'hidi considéré en Algérie comme un héros de la Révolution algérienne tué le 4 mars 1957 et dont le scénario a été écrit par l’écrivain-journaliste Mourad Bourboune, « n’est pas un produit fait sur commande, ou un film d’occasion. Il a été réalisé minutieusement en se basant sur des faits historiques et des témoignages crédibles. Je n’ai pas fait un film de fiction ou une version officielle, et je ne sais pas les faire [...] « Je me suis basé aussi dans ce film sur l’aspect politique de la Révolution. Car j’ai constaté que les films sur cette partie de l’histoire d’Algérie étaient injustes, on a occulté l’aspect politique de la guerre, de sa genèse et de ses initiateurs. Je veux dire l’élite politique. »

El Watan nous rappelle que le tournage du film, réalisé en Algérie et dans des studios en Tunisie où l’équipe technique a pu reconstituer le décor de l’époque coloniale, a connu de nombreuses difficultés qui ont engendré un arrêt de travail de huit mois. « Avant même le début du tournage, le projet a été bloqué, entre 2012 et 2013, par une directive gouvernementale qui précise que tout film sur la Révolution doit être soumis à une autorisation spéciale, une autorisation que nous n’avons obtenue qu’en 2014. […] Par la suite, les partenaires étatiques ont exigé que le financement du film soit à 100 % algérien. C’est ce qui nous a encore retardés du fait que nous avions, à cette époque, des contacts avec des coproducteurs étrangers. Par ailleurs, quand on a, enfin, pu commencer le travail, avec deux ans de retard, nous avons subitement perdu entre 15 et 20  % de notre budget suite à la dévaluation du dinar et la flambée du prix d’achat des devises. On a donc été obligés d’arrêter le tournage durant huit mois, jusqu’au moment où le ministre de la Culture, Azzeddine Mihoubi, a pris en charge les choses », avait alors expliqué le réalisateur du film dans un entretien accordé au quotidien Reporters au mois de novembre 2016.

Le 5 décembre 2018, Bachir Derrais a annoncé sur sa page Facebook que le film Ben M'hidi a définitivement été censuré par le gouvernement algérien.

Le 10 décembre 2018, le ministre de la Culture a apporté un démenti. Le ministre a expliqué que M. Derrais, qui est également producteur exécutif, n’a toujours pas levé toutes les réserves comme il s’y était engagé. Précisant que le film a déjà été visionné à trois reprises par la Commission, M. Mihoubi a indiqué qu'après de longs débats et discussions avec le réalisateur, elle a émis des réserves sur la forme et d’autres sur le contenu. Pour le gouvernement algérien, la balle est donc toujours dans le camp du réalisateur.

Si le film n'est donc pas définitivement interdit, il n'est toujours pas non plus autorisé. Sans doute une question de verre à moitié vide, à moins qu'il ne soit à moitié plein...

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