Le Phallus et le néant ne sera finalement pas interdit en justice

Vincent Folliot nous apprend que le documentaire de Sophie Robert Le Phallus et le néant, qui sera projeté le 21 janvier 2019 au cinéma Pathé d’Évreux, vient tout juste d'échapper à la censure.

Contestant le passage durant lequel elle déclare que « l’inceste paternel, ça ne fait pas tellement de dégâts, ça rend juste les filles un peu débiles », la psychanalyste Jacqueline Schaeffer a demandé sa suppression sans succès, le juge des référés du tribunal de grande instance de Paris l’ayant déboutée le 11 janvier 2019.

Dans l’ordonnance, le juge relève, à la lecture du document d’autorisation d’utilisation de l’image et de la voix signé par la psychanalyste demanderesse que, contrairement à ce qu’elle indique, elle a bien donné non seulement son accord à un entretien filmé par la réalisatrice, mais que cet entretien était accompagné de la signature d’une autorisation écrite, expresse, valant non seulement pour le Le Mur, mais aussi pour une exploitation « en [...] plusieurs épisodes » et pour toute « œuvre adaptée ou dérivée de l’œuvre principale ». S’agissant de l’image contenue sur l’affiche, le juge note que les défenderesses font à juste titre observer que l’autorisation explicite donnée prévoyait la possibilité d’incorporer « gracieusement » son image en intégralité ou par extrait sur tout support. Le juge retient, au vu de ces éléments, que la demanderesse a manifestement accepté que l’entretien soit utilisé par la société de production du film Le Mur, pour une exploitation en plusieurs épisodes et pour toute œuvre adaptée. Ainsi, le juge rejette la demande et dit n’y avoir lieu, par conséquent, à référé.

Ce propos controversé montre bien le malaise que provoque la vision de la sexualité qu’ont certains psychanalystes de la pensée freudienne et lacanienne : « Toute leur vision des pathologies est fondée sur la sexualité et ils n’en parlent jamais spontanément. Il fallait que je leur pose la question pour décortiquer leur discours », explique la réalisatrice : « Ce qui compte, c’est leur dogme. Lorsqu’ils reçoivent des victimes de violences sexuelles, c’est une catastrophe. Trois personnes témoignent de la manière effroyable dont elles ont été reçues par les psychanalystes. »

Pour Le Phallus et le néant, Sophie Robert a interrogé 18 psychanalystes qui livrent « une vision sexiste des rapports hommes-femmes ». Dans la première partie, « les gens rigolent, tellement c’est énorme. Et puis dans la seconde, ils sont en état de choc », constate la cinéaste qui souhaite que son film provoque un débat national sur la psychanalyse.

Rappelons que son précédent documentaire Le Mur : la psychanalyse à l’épreuve de l’autisme réalisé en 2011, a été interdit par la justice pendant deux ans, le tribunal de grande instance de Lille considérant que Sophie Robert avait dénaturé les propos de trois psychanalystes de renom, avant que la cour d’appel de Douai infirme la décision puis que le tribunal de grande instance de Paris condamne les trois psychanalystes à lui verser 50 000 € en mars 2018.