Avec son documentaire Amal (2018), le réalisateur égyptien Mohamed Siam, suit l'évolution d'une adolescente qui cherche sa place, son identité mais aussi sa sexualité dans la société égyptienne post-révolutionnaire. « Rien n'est fictif. Il s'agit d'un voyage qui a duré six ans qui suit la vie d'Amal pendant et après la révolution égyptienne, de l'âge de 14 ans jusqu'à ses 20 ans », explique le cinéaste.
Avec des scènes jugées choquantes et violentes par les autorités qui ont décidé d'interdire son film, Mohamed Siam montre l'agression de la jeune égyptienne au moment sa participation aux manifestations ayant conduit à la chute du président Hosni Moubarak en 2011. Le spectateur est entraîné dans les affrontements qui ont opposé manifestants et forces de l'ordre, qui constituent autant d'étapes initiatiques dans la vie d'Amal. Ses échanges avec sa mère, qui envisage de voter pour un cacique du régime déchu, ou avec son compagnon, qui refuse qu'elle fume ou porte des jeans, révèlent les tiraillements au sein de la société égyptienne.
Mohamed Siam, qui a tourné ses images sans l’aval des autorités, raconte que le plus dur était de faire face aux réactions négatives des Égyptiens souvent « paranos à la vue de la moindre caméra ». Malgré la censure, Dounia Hadni nous explique que le réalisateur compte prochainement reprendre le tournage du documentaire, afin de nous montrer Amal, pour le moment étudiante en droit, une fois adulte et devenue… policière !
Toujours censuré en Égypte et dans les pays du Golfe, Amal a notamment reçu le grand prix du festival de Carthage, en Tunisie, au mois de novembre 2018. Le film est sorti en France dans quelques salles le 20 février 2019.