Le 22 février 2019, la 17ème chambre du tribunal de grande instance de Paris a finalement rejeté la demande d'interdiction du film Une intime conviction (Antoine Raimbault, 2019) présentée par Olivier Durandet, l'amant de Suzanne Viguier disparue en 2000, qui estimait que « [le film] l'expose sous un jour défavorable. [...] Marina Foïs, qui mène l'enquête, affirmant à plusieurs reprises que le coupable c'est l'amant ». Considérant en effet que « le film fait de l'amant le coupable », l'avocat d'Olivier Durandet exigeait qu'il plaise au tribunal d'interdire le film sur le fondement de l'atteinte à sa vie privée, notamment via « la reproduction de conversations téléphoniques intimes ».
Dans sa décision, le juge estime qu'il n'y a pas « d'atteinte à la vie privée, les faits traités étant notoires », et ajoute même : « Il importe de remarquer au surplus que le thème du film, le fonctionnement de la justice, le déroulement d'un procès d'assises, l'importance primordiale du doute dans un procès pénal et la façon dont une enquête judiciaire peut se construire pour “produire” un coupable relèvent à l'évidence d'un sujet d'intérêt général dans une société démocratique. »
Le film, qui a conservé les noms des protagonistes de l'affaire, se situe au moment du procès en appel de Jacques Viguier. Rappelons que l'affaire Viguier est celle de la disparition, le 27 février 2000, de Suzanne Viguier, épouse d'un professeur de droit à l'université Toulouse. À la suite des déclarations d'Olivier Durandet qui s'est présenté comme l'amant de Suzanne, des soupçons ont conduit la police à mettre en cause son mari. Un premier procès, en avril 2009, a abouti à son acquittement. Une décision confirmée en appel en mars 2010 par la cour d'assises du Tarn.
Le scénario du film ajoute au dossier un personnage fictif, celui de Nora - interprété par Marina Foïs - persuadée de l'innocence de Jacques Viguier, qui réussit à convaincre Maître Eric Dupond-Moretti - incarné par Olivier Gourmet - de le défendre. Le film retranscrit une partie des vraies écoutes téléphoniques réalisées pendant l'enquête, reprises dans certaines répliques.