On apprend que le mandat du président de la commission de classification des œuvres cinématographiques s'est achevé le 18 mars 2019. Yves Gounin, pourtant candidat à sa propre succession, ne sera donc pas renouvelé. Une première dans l'histoire de la Commission, la règle voulant que les présidents soient automatiquement reconduits, s'ils le souhaitent, dans la limite fixée depuis 2001 de trois mandats successifs de trois ans chacun.
Le motif officiel de cette éviction semble être la féminisation de la fonction voulue par le ministère de la Culture, Françoise Tomé venant tout juste d'être désignée. Conseillère d’État et ancienne magistrate, Françoise Tomé connaît parfaitement le fonctionnement de la Commission puisqu'elle a été membre du collège des experts pendant 13 ans, nommée par le ministre de la Justice.
Toujours est-il que la nécessité de féminiser la Commission de classification pour expliquer le non-renouvellement du mandat d'Yves Gounin, peine à convaincre, car la Commission est déjà largement féminisée. En outre, à notre connaissance, aucune disposition législative ou réglementaire, aucun principe n'impose la nomination d'une femme à la présidence de cette commission administrative, laquelle a déjà été présidée à deux reprises par une femme (Sylvie Hubac et Marie-Anne Lévêque).
Notons que le centre national du cinéma et de l'image animée (CNC), que dirige Frédérique Bredin, n'a pas à pâlir de ses performances en matière de parité, la moitié des commissions placées auprès d'elle étant présidées par des femmes : Marie Darrieussecq à la tête de l'Avance sur recettes (où elle a succédé à Teresa Cremisi), Sophie-Justine Lieber la Commission du cinéma d'art et d'essai, Zabou Breitman le Fonds d'aide aux expériences numériques, Dominique Bourgois la Commission de soutien du scénario de long-métrage, etc.
On peine donc à comprendre le motif du départ prématuré d'Yves Gounin, nommé il y a un an à peine. Sa rigueur juridique et son goût pour le cinéma avaient fait de lui un président respecté et apprécié des membres de la Commission qui nous disent tous ce soir, regretter son départ inattendu.
Après le mandat ultra-bref de son prédécesseur, après le sien, la Commission de classification se dote donc d'un quatrième président en moins de deux ans. Une Commission qui, soit-dit en passant, n'a toujours pas publié son rapport d'activité 2016-2018...