Mercredi 13 mars 2019, le film d'animation Dragon Ball Super Broly (Tatsuya Nagamine, 2019) sortira sur les écrans français autorisé pour tous publics avec l'avertissement suivant : « De nombreuses scènes et le niveau sonore du film sont susceptibles de heurter la sensibilité du public. » Un avis motivé par le volume excessif de la bande-son et « l’omniprésence des scènes de combat ».
Un avertissement un peu surprenant quand on sait que l'article L.211-1 du Code du cinéma et de l'image animée dispose que le visa d'exploitation d'un film en salles « peut être refusé ou sa délivrance subordonnée à des conditions pour des motifs tirés de la protection de l'enfance et de la jeunesse ou du respect de la dignité humaine. » Si l'on excepte la répétition des scènes de combat dont le contenu et la nature ne sont toutefois pas mentionnés dans le libellé de l'avertissement, il semble que la commission de classification des œuvres cinématographiques ait opéré une interprétation extensive de la notion de « protection de l'enfance et de la jeunesse », en l'appliquant à la santé physique des spectateurs. Habituellement en effet, la Commission s'attache à protéger le jeune public d'images de sexe ou de violence « susceptibles de nuire gravement à l'épanouissement physique, mental ou moral des mineurs », pour reprendre la terminologie du conseil supérieur de l'audiovisuel.
Cette motivation inédite d'un avertissement nous paraît être la première de ce genre même si l'on peut souligner que les distributeurs des Indestructibles 2 (Brad Bird, 2018) avaient ajouté de leur propre chef un avertissement sur les risques occasionnés par le visionnage d'images stroboscopiques sur des spectateurs souffrant d'épilepsie : « Les Indestructibles 2 contient plusieurs séquences de flashs lumineux qui peuvent affecter les spectateurs atteints d'épilepsie photosensible ou autres troubles photosensibles. » Un avertissement qui n'a pas été repris dans le visa ministériel d'exploitation du film.
In fine, l'avertissement « privé » qui accompagnait la sortie des Indestructibles 2 et celui « public » qui accompagne celle de Dragon Ball Super Broly, posent la question intéressante de l'articulation des responsabilités de l'autorité administrative et des distributeurs dans l'avertissement des risques médicaux auxquels le visionnage d'un film est susceptible d'exposer certaines catégories de spectateurs.