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CENSURE & CINEMA

CENSURE & CINEMA

Collection Darkness, censure et cinéma


Le documentaire Au temps où les Arabes dansaient est déprogrammé de l'Arab Film Festival

Publié par darkness-fanzine.over-blog.com sur 10 Avril 2019, 19:34pm

Catégories : #censure, #interdiction, #Au temps où les Arabes dansaient, #Jawad Rhalib, #Seoul, #Arab Film Festival

Le 9 avril 2019, le réalisateur Jawad Rhalib pousse un coup de gueule après la déprogrammation de son film documentaire Au temps où les Arabes dansaient (When Arabs Danced, 2018), de la 12ème édition de l'Arab Film Festival organisé à Séoul à la fin du mois de mars dernier. Il dénonce la pression des autorités marocaines sur la Corée du Sud, notamment en raison d'une scène de nudité.

 

Interrogé sur son film en février 2019 par Yasmine Bidar, le cinéaste expliquait ainsi sa démarche : « La danse est métaphorique et symbolise en réalité la liberté, le corps, surtout celui de la femme, et l’expression de soi sous toutes ses formes. C’est ce qui dérange le plus les extrémistes religieux. Vous savez, je suis né et j’ai grandi au Maroc, à Meknès et j’ai vécu l’enfer étant petit à cause de ma mère qui dansait, qui était une femme libérée et libre qui s’habillait en petites jupes et robes. Moi j’encaissais, partout, à l’école, dans la rue, je me faisais insulter de “fils de danseuse, fils de pute”. J’ai gardé ça en mémoire, et avec le temps j’ai voulu travailler dessus et ressortir ça, surtout en ce moment avec la montée du fanatisme religieux en Europe, qui ne concerne pas que les pays arabes. Et comme dit si bien mon père au début du film, ces extrémistes se mêlent beaucoup de ce qui ne les regarde pas, donc j’ai décidé de consacrer un film à tout ce qui les dérange. »

 

Nous choisissons de reproduire en partie la tribune publiée sur le blog de Mediapart :

 

« Depuis la sortie de mon film Au temps où les Arabes dansaient j’ai dû faire face a une série de censures venant de pays arabo-musulmans. Je n’ai jamais contesté ou même évoqué cette censure car j’estime que c'est le droit de ces pays de refuser de montrer un film considéré (par eux-mêmes) comme ''polémique'' sur leurs ''propres terres'' à l’adresse de leurs spectateurs. Mais aujourd’hui, la censure et l’interdiction s’étendent en dehors des territoires en question. Il y a quelques mois, nous avons conclu un accord avec l’Arab Film Festival en Corée du Sud pour une série de projections à Séoul et à Busan avec une série de rencontre avec le public. Le but étant de faire connaître le film au public Sud-Coréen et de décrocher un accord de distribution et de diffusion sur ce territoire.

 

Mais voilà que le 5 avril mon film a été déprogrammé, sous pression de quelques Ambassades des pays arabo-musulmans et à leur tête l’ambassade du Maroc à Séoul qui s’est érigée en porte drapeau de la censure. La présence d’une scène de nue dans le film dérange ces arabo-musulmans et l’Ambassade du Maroc à menacé le festival de représailles s’ils projettent le film. Pour preuve, je vous invite à lire nos échanges avec les programmateurs, qui au passage ont démissionné le 8 avril pour marquer leur protestation.

 

Il est hors de question d’enfermer les femmes dans une cuisine, les enterrer sous une burqa ou un niqab, emmurer et isoler les homosexuels, bannir nos libertés d’expression, autocensurer notre cinéma, notre littérature, nos créations…pour ne pas heurter les sensibilités malsaines de ces ''pauvres'' fous d’Allah. Hors de question de revenir en arrière, au ''Salaf'' pour faire plaisir, pour caresser dans le sens du poile, pour ne pas choquer ces arriérés de salafistes, d’obscurantistes, de rétrogrades et leurs alliés ''les politiquement correct(e)s''. Et si vraiment une danse, un concert, un film, un dessin, un livre, un article froissent votre susceptibilité, vous qui êtes minoritaire, il nous reste notre liberté de recourir à nos caméras, à nos voix, à nos coups de crayons pour résister à vos menaces, à vos poignards. Si Allah est omnipotent et miséricordieux, je ne vois pas en quoi un film, un livre, un article, une réflexion… pourraient offenser le ''tout-puissant'' ? Oui mais voilà que l’Occident est devenu ''gentiment'', peu à peu, résignation après résignation, démission après démission, faiblesse après faiblesse, un monde soumis à une horde de sauvage sans foi ni loi, qui au nom sous le regard incompétent de nos dirigeants ! »

 

Pour la petite histoire, rappelons que la danse du ventre exécutée par la danseuse Fatima est historiquement le tout premier acte de censure cinématographique répertorié aux États-Unis au début du XXe siècle, le maire de Chicago censurant ses déhanchements par de larges bandes blanches*.

 

 

* Si tous les ouvrages parlent de la danse du ventre, tous ne s'accordent pas sur le titre du film. Dans son livre La censure cinématographique, Philippe J. Maarek cite Serpentine Dance (1895) vraisemblablement de Max et Emil Skladanowsky. D'autres évoquent Annabelle Serpentine Dance (1895) de William K.L. Dickson ou encore de Lina Esbrard, Danse serpentine (1902) de Guy Alice.

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