
David Chipakupaku nous apprend que certaines des familles endeuillées après la terrible fusillade survenue dans un cinéma d’Aurora (Denver, Colorado) en 2012, ont exprimé leur vive inquiétude à l’approche de la sortie en salles de Joker (Todd Phillips, 2019).
Cinq membres de familles de victimes de la tuerie – durant laquelle un jeune homme de 24 ans a ouvert le feu durant la projection du film The Dark Knight Rises, mettant en scène le personnage du Joker – qui a coûté la vie à douze spectateurs, ont publié le 24 septembre 2019 une lettre ouverte à Warner Bros dans laquelle ils regrettent « la violence gratuite que ce film glorifie et élève avec le personnage du Joker ».
S’ils n’exigent pas l’interdiction ou la modification du film, les familles demandent à Warner de faire un don à des organisations caritatives de soutien aux victimes de la violence armée et de ne plus soutenir les « candidats financés par la National Rifle Association et qui votent contre la réforme de la législation sur les armes à feu ». Ann Sarnoff, la président de Warner, a répondu qu’il « n’est pas dans les intentions du film, de ceux qui l’ont fait ou du studio de présenter ce personnage comme un héros », ajoutant que Warner Bros effectue régulièrement des dons à des associations de victimes et a toujours soutenu le vote de lois qui restreignent la circulation des armes.
Rappelons qu’après le drame d’Aurora, les producteurs du film Gangster Squad avaient décidé d'en différer la sortie pour supprimer du montage final une scène de fusillade perpétrée dans un cinéma. Déjà en 1999 deux épisodes de la troisième saison de Buffy contre les vampires avaient été reprogrammés deux mois après la fusillade de Columbine dans le Colorado.
Autres exemples : le report de la diffusion d'un épisode de la première saison d’Hannibal par NBC après l'attentat du marathon de Boston en 2013. Celui de l'épisode Player Under Pressure de la série Bones après la fusillade de l’université Virginia Tech en 2007. Le contenu d'une autre série, One Life to Live diffusée sur ABC, a également dû être modifié pour éviter d'évoquer une prise d’otages mettant en scène des adolescents. En avril 2013 enfin, ABC avait également choisi de ne pas diffuser un épisode de la série Castle « qui mettait le détective Kate Beckett aux prises avec une bombe prête à exploser ».
Interdit aux mineurs non accompagnés d'un adulte, c’est-à-dire classé R par la Motion Picture Association (MPA) aux États-Unis en raison « d'images violentes et sanglantes, d’un langage cru, des comportements dérangeants et de quelques scènes brèves de sexe », Joker sortira le 4 octobre aux États-Unis et le 9 octobre prochain en France. Le film, qui vient d’être interdit aux moins de 15 ans au Royaume-Uni, n’a pas encore été classé dans notre pays.
Le 26 septembre 2019, la chaîne américaine des cinémas indépendants Landmark a décidé d'interdire l'entrée aux spectateurs déguisés en Joker et tous les accessoires se rapportant au personnage : « Je veux que les clients se sentent à l'aise dans leur environnement », a déclaré Ted Mundorff, le président-directeur général de Landmark, au Hollywood Reporter.
De son côté, la chaîne Regal Cinemas a expliqué : « Nous ne croyons pas que le contenu d’un film puisse être une cause de violence. Néanmoins, la sécurité de nos employés reste notre principale préoccupation. Nous sommes en contact permanent avec les forces de l'ordre, et nous sommes prêts à mettre en œuvre toutes les mesures qu'elles jugeront appropriées. »
Plus tôt cette semaine, AMC Theatres a également précisé sa position : « Si les spectateurs peuvent venir costumés, nous n'autorisons pas les armes réelles ou factices, les masques, les maquillages du Joker ou tout autre objet dissimulant le visage. »