Netflix édicte un code Hays pour éviter la censure gouvernementale en Inde

Au mois d’avril 2018, nous vous apprenions que le film Un-Freedom (Raj Kumar Amit, 2015), qui aborde frontalement les thématiques de la liberté, de la foi, de la famille et de l'amour ; avait provoqué la colère du Censor Board of Film Certification, (CBFC) le qualifiant d'islamophobe et l’accusant de faire la promotion « des passions contre nature » et « des viols et violences entre communautés ». Refusant de couper des scènes importantes comme l'exigeait le CBFC, Un-Freedom a été interdit d'exploitation en 2015. En appel, le recours du cinéaste a été rejeté par l'Information and Broadcasting Appellate Tribunal (FCAT) qui a définitivement confirmé l'interdiction du film en Inde.

Malgré cette décision jugée injuste, Raj Kumar Amit et son équipe sont tout de même parvenus à présenter Un-Freedom un peu partout à travers le monde, y compris en Inde. Le film a ensuite été proposé par Netflix, une plate-forme très populaire en Inde : « Je suis heureux que mon film puisse se retrouver librement et intégralement sur Netflix après son interdiction en salles, accessible par tous. Tout cela démontre parfaitement l'hypocrisie du système actuel de censure en Inde. Aujourd'hui, il n'y a aucun moyen de pouvoir contrôler les contenus numériques même si les censeurs font de leur mieux pour étouffer les cinéastes qui, comme moi, ont quelque chose de pertinent à dire », expliquait Raj Kumar Amit.

La liberté offerte par Netflix, louée par le réalisateur censuré, risque de disparaître dans les prochaines semaines, l’Inde envisageant de mettre en place un système de censure sur des plateformes de diffusion, selon une source gouvernementale rapportée par l’agence Reuters.

Si actuellement, les lois du pays interdisent la censure du contenu offert sur les plateformes de diffusion, plusieurs plaintes déposées au cours des derniers mois inquiètent les autorités, lesquelles expliquent que de nombreux contenus sont manifestement obscènes ou insultent la religion. D'autres encore, telles les scènes de tabagisme visibles dans les films indiens mis en ligne sur Amazon et Netflix, ne comportent pas les avertissements textuels anti-tabac obligatoires dans les salles de cinéma.

La probabilité d’une réglementation nationale des plateformes a conduit Netflix et son rival indien Hotstar à édicter un code d'autorégulation au mois de janvier 2019, à l’instar de l’industrie cinématographique hollywoodienne qui, au début des années 1920, a décidé de publier le code Hays afin d’éviter une législation fédérale beaucoup plus contraignante.

Netflix pourrait encore renforcer son dispositif d'autorégulation en Inde afin d'éviter une ingérence des pouvoirs publics.