
Présenté en avant-première mondiale au Festival international du film de Cannes au mois de mai 2019, absent du Festival international du film de Tbilissi mais candidat suédois du meilleur long-métrage international à la prochaine cérémonie des Oscars (le réalisateur, Levan Akin, est d'origine géorgienne mais a grandi à Stockholm), And Then We Danced, qui raconte l’histoire d'amour entre deux hommes, deux danseurs du Georgian National Ensemble, une troupe de danse traditionnelle de Géorgie ; n’a pas pu être programmé plus de trois jours dans les cinémas du pays.
On apprend que des manifestants d'extrême-droite et des membres de l'Église orthodoxe géorgienne, ont tenté d'empêcher les spectateurs d'entrer dans les théâtres de la capitale Tbilissi, et de Batoumi, une station balnéaire située au bord de la mer Noire.
Levan Vasadze, l'un des organisateurs des manifestations, a affirmé à la presse que le film était « une menace morale pour le tissu de notre société. […] La danse nationale géorgienne est le summum de la beauté de notre culture virile, de son esprit guerrier et pur. Choisir ce sanctuaire pour créer quelque chose d'aussi offensant pour nos traditions est extrêmement blessant. » Une colère alimentée par « une scène de sexe devant une grande cruche à vin, symbole de la culture géorgienne ».
Les manifestations contre les films gays et lesbiens, fréquentes en Géorgie, opposent régulièrement les conservateurs nostalgiques de l’Union soviétique, et les libéraux favorables à l’adhésion du pays à l’Union européenne.
And Then We Danced n'est pas le premier film qui parle d'homosexualité, réalisé en Géorgie. Il y a quelques semaines déjà, le porte-parole de l’association anti-gays For a United and Moral Georgia, a déclaré vouloir empêcher la sortie de Comets (Tamar Shavgulidze, 2019), un film géorgien présenté en avant-première au Toronto Film Festival au mois de septembre 2019, dans lequel deux femmes se remémorent un roman lesbien : « Il s’agit d’un film de propagande homosexuelle contre lequel il faut lutter », a-t-il déclaré à la presse.
On se souvient aussi de Prisoner of Society (Rati Tsiteladze), un court-métrage de 2018 qui montre la vie d'Adelina, une femme transsexuelle qui ne quitte pas sa maison de peur d'être persécutée. Sélectionné pour participer aux European Film Awards, le film n’a jamais été distribué en Géorgie, son pays d’origine.