Zindagi Tamasha (Circus of Life) interdit au Pakistan pour blasphème

Mis à jour le 22 juillet 2020.

On apprend que le Pakistan a décidé de retarder la sortie de Zindagi Tamasha (Circus of Life, Sarmad Sultan Khoosat, 2019), pourtant autorisé par la Commission de classification nationale, à la demande du Tehreek-e-Labaik Pakistan (TLP), un parti politique islamiste qui affirme que le film est blasphématoire, donc susceptible de provoquer des troubles à l’ordre public en encourageant les spectateurs « à s'écarter de l'islam et du prophète ». Précisons que le TLP est la branche politique du mouvement Tehreek-e-Labaik Ya Rasool Allah (TLYRA), lequel était déjà parvenu à rassembler une foule énorme pour s'opposer à la pendaison d’un policier ayant assassiné le gouverneur du Punjab Salman Taseer en 2011 qui s'était déclaré favorable à la fin des lois sur le blasphème.

Zindagi Tamasha raconte l'histoire de Khawaja Rahat, un petit agent immobilier à Old Lahore, respecté pour son naat khwaani, l’art de réciter des poèmes religieux, mais qui tombe en disgrâce avec la population et les autorités religieuses après la diffusion sur Internet d’une vidéo qui le montre en train de danser lors d’un mariage. Conspué, le réalisateur a expliqué à la presse qu'il n'avait jamais eu l'intention d'offenser qui que ce soit, et qu’il ne comprenait pas les intimidations et les menaces proférées à son encontre.

Après avoir été primé l’année dernière au Festival international du film de Busan, Zindagi Tamasha devait être projeté dans les cinémas pakistanais le 24 janvier 2020. On attend désormais la décision du Conseil idéologique islamique saisi par la Commission de classification à la demande de Firdous Ashiq Awan, le conseiller du Premier ministre pour l'information et la radiodiffusion.

Au milieu du mois de juillet 2020, le Comité sénatorial des droits de l’homme du Pakistan a finalement approuvé la sortie du film, rejetant toutes les objections soulevées à son encontre. Le sénateur Mustafa Nawaz Khokhar du Parti du peuple pakistanais (PPP), a déclaré dans un tweet du 14 juillet que le Comité n'avait « rien trouvé de mal ». Pourtant, à peine deux jours plus tard, une pétition a été déposée devant un tribunal de Lahore demandant... une interdiction à vie du film ! Après une courte audience, les juges ont ajourné l'audience au 27 juillet.