Netflix résiste aux exigences des autorités audiovisuelles turques et annule la production de la série If Only

Ece Yörenc, la scénariste de la série turque If Only, confirme que Netflix a décidé d’abandonner sa production après le refus de tournage opposé par les autorités et la demande formulée par le Haut-conseil audiovisuel turc (RTÜK) – un peu l’équivalent du conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) en France – qui lui demandait de faire disparaître l’un des personnages en raison de son homosexualité.

Série dramatique en huit épisodes, If Only devait raconter l'histoire d'une mère de famille malheureuse se retrouvant transportée trente ans en arrière, la nuit durant laquelle son mari l'a demandée en mariage.

Contacté par l’AFP le 21 juillet 2020, Netflix n’a ni confirmé ni démenti les tentatives de censure, se contentant de déclarer dans un communiqué : « Nous demeurons profondément attachés à nos abonnés et à la communauté créative en Turquie ».

Si certains observateurs y voient un acte de résistance, d'autres, bien au contraire, y décèlent un geste de soumission et d'abandon des créateurs. Pour ces derniers, le courage aurait été pour Netflix, de maintenir la diffusion de la série en l'état, coûte que coûte.

Ilhan Tasci, un membre de l'opposition turque, a vivement condamné l'ingérence de l’État dans une production artistique privée, accusant le gouvernement Erdogan de « tenter d'imposer sa vision du monde à l'ensemble de la société ».

Cette polémique intervient après l’affaire Love 101 dont nous vous parlions le 14 juillet dernier, une affaire durant laquelle le RTÜK avait déjà demandé à Netflix de gommer l’homosexualité du personnage principal de la série. Netflix avait alors accepté de se plier aux exigences des pouvoirs publics.

Même si Ali Erbas, le chef des Affaires religieuses, a publiquement fait un lien entre homosexualité et maladie au mois d’avril dernier, rappelons aussi que la Turquie est l’un des rares pays musulmans où l’homosexualité n’est pas (encore) réprimée par la loi.