
Le collectif Stop au Porno vient de lancer un appel à manifester devant les cinémas projetant Mignonnes (2020) réalisé par Maïmouna Doucouré. Son responsable envisage même de déposer une plainte au pénal contre Netflix qui proposera le film à ses abonnés français et étrangers à compter du 9 septembre 2020.
La polémique est née aux États-Unis, l’affiche promotionnelle du film choisie par Netflix - rebaptisé Cuties (ci-dessus) - montrant quatre jeunes filles dans des positions suggestives. Une sexualisation des enfants jugée inacceptable outre-Atlantique, qui a conduit certains internautes à mettre en ligne une pétition demandant à Netflix de retirer le film de son catalogue : « This movie/show is disgusting as it sexualizes an ELEVEN year old for the viewing pleasure of pedophiles and also negatively influences our children! There is no need for this kind of content in that age group, especially when sex trafficking and pedophilia are so rampant! There is no excuse, this is dangerous content! » Au 23 août 2020, la pétition a déjà recueilli près de 270 000 signatures.
Très éloigné de l’affiche française (ci-dessous), le visuel publicitaire a finalement été retiré par la plateforme américaine, laquelle a reconnu qu’il ne constituait pas « une représentation fidèle du film ». Cependant, Netflix n’a pas annoncé sa volonté de le déprogrammer.
En France, Stop au porno va plus loin. Le collectif, créé et présidé par François Billot de Lochner, menace et publie un appel au boycott sur son site :
« Ce film absolument révoltant sexualise des petites filles de 11 ans, non seulement par la danse mais également par tout un tas de scènes […] Nous nous en doutions depuis des années, mais voici une confirmation de plus : Netflix promeut ouvertement la sexualisation des enfants. Si la réalisatrice se défend en disant vouloir faire de ce film un cri d’alarme, on est en droit de se demander s’il est vraiment possible d’être assez inconscient pour dénoncer un phénomène en le mettant en scène. Ce qu’il en sort est un film au mieux extrêmement malsain et au pire carrément pédophile. Stop au Porno étudie actuellement attentivement la possibilité de porter plainte au pénal contre Netflix et appelle toutes les personnes de bonne volonté à [...] participer à une manifestation devant les cinémas où ce film est projeté à Paris ! »
Maïmouna Doucouré est ulcérée, sa démarche étant à l'opposée de ce que l'on lui reproche comme elle l'explique longuement dans un entretien donné à Paris Match le 20 août dernier : « J’ai eu l’idée du film après avoir vu dans une fête de quartier des filles de 11 ans danser de façon hyper lascive. Je me suis dit : “Est-ce qu’elles ont conscience du message qu’elles envoient ?” Pendant un an et demi, j’ai enquêté auprès de petites filles. Ce que montre le film, c’est qu’à 11 ans on est encore une enfant et qu’on ne peut donc pas être consentante. […] Mignonnes est un cri d’alarme. Et encore, il y a des choses que je n’ai pas osé filmer. Pour ne pas effrayer les parents… »