Alors qu’il est déjà sorti ou sortira directement en VoD sur Disney+ en France (le 4 décembre) ou aux États-Unis (le 4 septembre), Mulan (Niki Caro, 2020) est projeté dans les salles chinoises et asiatiques depuis le 11 septembre 2020.
On apprend que des militants hongkongais ont appelé au boycott du film après le soutien affiché par Liu Yifei - l’actrice principale du film née en Chine mais de nationalité américaine - aux forces de police durant les violentes manifestations en fin d’année 2019 contre la promulgation de nouvelles lois jugées répressives dont celle autorisant l'extradition de Hong Kong vers la Chine continentale.
Avec la loi sur la sécurité nationale soutenue et imposée par Pékin à Hong Kong le 1er juillet 2020, les militants hongkongais ont relancé leur appel au boycott de Mulan : « Tous ceux qui croient aux droits de l’homme doivent boycotter Mulan », a déclaré l’un des leaders du mouvement, Joshua Wong, ajoutant que Disney « se prosterne devant Pékin » afin d’avoir accès au très lucratif marché du cinéma chinois.
À Bangkok, l’un des leaders du mouvement étudiant, Netiwit Chotiphatphaisal, a expliqué que « Disney et le gouvernement chinois doivent comprendre que la violence d’État contre le peuple est inacceptable ». Des amoureux du cinéma à Taïwan, dans la ville de Taichung, ont eux aussi appelé à boycotter le film alors qu’ils sont inquiets de l’influence et de la menace militaire grandissante de la Chine sur Taïwan.
Rappelons aussi qu’après avoir organisé plusieurs séances privées en Chine pour tester et ajuster le film aux réactions du public en début d’année, la réalisatrice néo-zélandaise avait admis avoir supprimé une séquence de baiser entre Chen Honghui et Mulan pour se conformer aux recommandations des pouvoirs publics.
Par ailleurs, comme le rapporte le New York Times, les critiques se sont multipliées sur les réseaux sociaux aux États-Unis, depuis quelques jours, après que des spectateurs aient signalé que Disney remerciait dans son générique de fin huit organisations gouvernementales du Xinjiang, une province qui a servi de décor pour certaines scènes extérieures, mais aussi une région dans laquelle la répression de la minorité musulmane ouïghoure par les autorités chinoises, qui s’en défendent, a été dénoncée par de nombreuses associations humanitaires dont Amnesty International.
Notons enfin l’appel au boycott de la communauté LGBT qui déplore la disparition du personnage du commandant Li Shang qui tombe amoureux de Mulan alors qu’elle se fait passer pour un homme dans la version animée de 1998. Une absence assumée par le producteur Jason Reed pour qui, l’affaire Weinstein est passée par là : « On a pensé qu'à bien des égards, cela reviendrait à justifier un comportement que l'on essaie tant bien que mal de se débarrasser dans notre industrie. »