/image%2F0558978%2F20210716%2Fob_48d75d_capture-d-ecran-2021-07-16-081423.jpg)
On apprend dans l’éditorial de la lettre d’information du collectif Stop au Porno, l’intention de son président, François Billot de Lochner, de former un recours contre le visa autorisant le film Benedetta de Paul Verhoeven aux spectateurs de plus de 12 ans :
« Parmi les films en compétition, figure Benedetta, un long-métrage dont l’unique objet est le scandale. Rien d’étonnant me direz-vous : ce petit milieu culturel a pour habitude de promouvoir l’obscène et le vulgaire. […] Benedetta est un mélange de pornographie et de blasphème que les spectateurs doivent supporter pendant deux longues heures… Dès la première projection, plusieurs témoignages parus dans la presse sont venus confirmer l’ignominie de l’œuvre. »
Cette annonce intervient quelques jours seulement après la mise en ligne d’une pétition par la plateforme CitizenGO, le 12 juillet 2021, qui demande à Jérôme Seydoux, co-président de Pathé, co-producteur et distributeur du film, le retrait immédiat de l’œuvre controversée de Paul Verhoeven. La pétition, qui a déjà rassemblé plus de 20 000 signatures à ce jour, explique [extrait] :
« Dans ce film que l’on peut qualifier de film pornographique lesbien, la religieuse Benedetta est une religieuse mystique, sulfureuse dans son couvent et qui s’adonne à de nombreuses scènes pornographiques lesbiennes avec une autre jeune religieuse lesbienne, Batolomea… Mais ce n’est pas tout, les producteurs de ce film - seulement interdit aux moins de 12 ans - mettent en avant une scène où les “religieuses” s’adonnent à des scènes sexuelles avec une statuette de la Vierge-Marie comme objet sexuel. De nombreuses scènes sont choquantes et ne se contentent pas de s’inspirer d’une histoire partiellement vraie, mais bien de salir une nouvelle fois le catholicisme et de banaliser la pornographie (et homosexuelle) au plus grand nombre et auprès des plus jeunes. »
Le film a en effet été interdit aux moins de 12 ans, le 9 juillet 2021 après avis de la Commission de classification, laquelle a motivé sa proposition « à l'unanimité en raison de nombreuses scènes violentes montrant des sévices et des actes sadiques ainsi que quelques scènes explicites à caractère sexuel ». Notons que, pour le moment, le film a été interdit aux mineurs en Russie, aux moins de 16 ans en Suisse, en Australie et aux Pays-Bas.
CitizenGO se présente comme « une communauté de citoyens actifs qui travaillent ensemble pour défendre et promouvoir la dignité humaine, la famille, la liberté et les minorités religieuses persécutées en utilisant des pétitions et tous les médias sociaux, afin de que les décideurs publics ou privés respectent la dignité humaine et les droits fondamentaux. ». Sur Wikipédia, CitizenGO est décrit comme « un groupe de pression conservateur fondé en Espagne en 2013 » par Ignacio Arsuaga, lequel « publie des pétitions dans plus de 50 pays, principalement pour les causes catholiques, contre le mariage de même sexe, l'avortement, l'euthanasie et la défense des minorités religieuses. »
Stop au porno a pour objectif de « combattre la pornographie et la pornographisation globale et galopante de la société. La pornographie a des effets délétères sur le corps et l’esprit, mais avant cela, l’hypersexualisation en prépare le chemin. Il faut les combattre toutes les deux. Sensibiliser le public, secourir les porno-dépendants et combattre les promoteurs de contenu pornographique, voilà notre credo ».
Rappelons que le 4 juin 2019, le collectif avait exigé que Mektoub my Love : Intermezzo (2019), le dernier film du cinéaste Abdellatif Kechiche, ne soit pas projeté « auprès d’un public non averti », c'est-à-dire qu'il soit interdit aux moins de 18 ans. Le film n’ayant toujours pas été programmé en salles, aucune action n’a encore été entreprise.
Le 20 août 2020, Stop au porno avait lancé un appel à manifester devant les cinémas projetant Mignonnes (2020) réalisé par Maïmouna Doucouré, le qualifiant de « film au mieux extrêmement malsain et au pire carrément pédophile ».
Notons enfin l’évolution de l’affiche et du titre du film depuis l’annonce de son tournage par le producteur Saïd Ben Saïd en 2017. Une adaptation cinématographique signée Gerard Soeteman - le scénariste de La Chair et le sang, de Turkish Delight et Black Book - du roman Sœur Benedetta, entre sainte et lesbienne (Immodest Acts), de Judith C. Brown, qui raconte l'histoire vraie de sœur Benedetta, nonne lesbienne au destin assez exceptionnel qui osa évoquer des sujets tabous en plein XVIIe siècle.
La lettre-type adressée à Jérôme Seydoux :