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CENSURE & CINEMA

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Collection Darkness, censure et cinéma


C8 va diffuser Unplanned considéré comme un film de propagande contre l'avortement

Publié par darkness-fanzine.over-blog.com sur 7 Août 2021, 08:43am

Catégories : #Unplanned, #censure, #interdiction, #C8

On apprend que la chaîne de télévision C8 va proposer plus de 12 heures de programmes en lien avec la religion catholique le dimanche 15 août 2021, dont la messe de l’Assomption. Une programmation surprenante, qui commence à faire réagir, d’autant plus que le film très controversé Unplanned (Chuck Konzelman et Cary Solomon, 2019) sera diffusé le 16 août en première partie de soirée.

Unplanned raconte l’histoire vraie de la directrice du Planned Parenthood (un des principaux regroupements de planification familiale aux États-Unis) qui a changé d'opinion quand on lui a demandé de « doubler le nombre annuel d'avortements » (we needed to double our abortion quota, the number of abortions we had to sell) et quand elle s'est rendue compte du « combat d'un enfant de 13 semaines mené contre un avortement » (seeing that child fight and struggle for his life against the abortion instrument).

POLÉMIQUE AUX ÉTATS-UNIS

Ostensiblement anti-avortement, le film – qui adapte très librement le livre d’Abby Johnson intitulé Unplanned: The Dramatic True Story of a Former Planned Parenthood Leader’s Eye-Opening Journey across the Life Line – a rapporté un peu plus de 19 millions de dollars au box-office depuis sa sortie sur les écrans américains en mars 2019 - trois fois ce qu'il a coûté -, malgré un classement R (interdit aux mineurs de 17 ans non accompagnés d'un adulte) et le boycott de nombreux médias dont Lifetime, Hallmark Channel ou encore HGTV.

« Nous sommes très heureux que le peuple américain ait réagi avec un tel soutien. Cela nous donne une leçon d’humilité et nous avons hâte de voir ce qui se passera dans les semaines à venir », ont déclaré à la presse les deux réalisateurs pro-évangélistes. De son côté, Michael Scott, le directeur de Pure Flix – la société qui a produit le film, ouvertement chrétienne – a ajouté : « Le fait de présenter l’histoire d’Abby au public démontre à quel point l’avortement est un sujet important. Nous espérons que ceux qui sont des deux côtés du débat verront Unplanned et commenceront à avoir leurs propres discussions. Ce film peut être une étincelle pour amener plus de cœurs et d’esprits à comprendre la valeur de la vie. »

Le film, qui n'a pas été distribué en France, provoque la colère de certains médias dont le site madmoizelle.com le 18 avril 2019 : « Unplanned est fait de messages de désinformation, cachés derrière une fiction. […] Je ne peux donc pas comprendre qu’on remette en cause un droit que j’ai, et ma manière de l’appliquer. […] Je ne peux pas valider une production financée par l’Église et véhiculant un message de propagande. »

Une affaire que l'on peut rapprocher, dans une autre mesure, de la polémique provoquée par la sortie de Gosnell: The Trial of America's Biggest Serial Killer (Nick Searcy, 2018) dont nous vous parlions le 18 novembre 2018.

POLÉMIQUE AU CANADA

Le 9 mai 2019, Deborah Gyapong nous apprenait que le film ne parvenait pas à trouver un distributeur au Canada, provoquant la colère de Chuck Konzelman, l'un des deux cinéastes : « Nous regrettons de constater que l'industrie du cinéma au Canada, comme aux États-Unis, est une industrie gauchiste, anti-progressiste. » Finalement, le distributeur canadien Cinedicom a accepté de sortir le film en salles le 12 juillet 2019, avec une interdiction aux moins de 14 ans.

Après que cinq cinémas Guzzo, tous situés dans la région de Montréal, ont accepté de projeter Unplanned, une trentaine de personnes a répondu à l'appel du collectif « La riposte féministe » pour manifester devant le cinéma Méga-Plex Guzzo du Marché Central afin de protester contre la diffusion du film en scandant : « Mon corps, mon choix ! » et « Vincent Guzzo, tu nous casses le clito ! »

« L'un des objectifs de la manifestation est de donner de l'information juste sur l'avortement au Canada aux spectateurs qui assistent à une des représentations », expliquent les manifestants. « Une autre raison pour laquelle nous sommes ici est que ce film n'est pas détaché d'un contexte politique extrêmement problématique. Il y a des forces conservatrices et catholiques qui sont très présentes depuis longtemps, mais qui prennent de plus en plus de place en Amérique du Nord. Nous avons vu tout ça avec les lois [restreignant l'avortement] qui sont passées en Alabama et en Géorgie », indique Sonia Palato, la cofondatrice du collectif, qui se défend de militer pour une quelconque interdiction du film : « Je me désolidarise de tous ceux qui ont dit que nous exigions sa censure, parce que ce n'est pas ce que nous demandons. Nous voulons pousser Monsieur Guzzo, un entrepreneur et citoyen québécois, à réfléchir aux conséquences sociopolitiques de ses décisions d'affaires, notamment dans un contexte d'année électorale. » Notons en effet que la ministre du Tourisme au Canada, Mélanie Joly, avait personnellement dénoncé la sortie du film il y a quelques jours, tout comme plusieurs personnalités politiques « pro-choix » à la veille des élections fédérales d'octobre 2019.

Lundi 16 juillet, Brian Jenkins, un militant associé à la campagne « Québec-Vie », une organisation chrétienne qui vise à défendre « la foi, la famille et la vie », a profité de la polémique et de la programmation du film pour distribuer des dépliants pro-vie à l’intérieur d’un cinéma Guzzo montréalais, une situation que le propriétaire de l’établissement juge parfaitement inacceptable : « Personne ne m’a averti. Mes employés ne sont pas censés tolérer cela. Que des personnes viennent dans mon entreprise, ma propriété privée, pour faire ce genre de choses, est inacceptable ! », s’est offusqué publiquement Vincent Guzzo, assumant le fait de vouloir contribuer au débat sur l'avortement.

TOUT DÉBUT DE POLÉMIQUE EN FRANCE

En France, le film n’a jamais été distribué en salles. Il ne dispose donc d’aucun visa d’exploitation ni d’une quelconque restriction de représentation. Pourtant, le film est interdit aux mineurs en Espagne, à Singapour et aux États-Unis (R), interdit aux moins de 14, 15 ou 16 ans au Brésil, en Argentine, en Allemagne, en Irlande, en Colombie, au Mexique, en Italie, en Corée du Sud, en Pologne et au Royaume-Uni.

Sur sa grille de programmes, C8 tente un timide avertissement en précisant qu’il s’agit d’un « film qui a suscité la polémique en adoptant le point de vue des militants anti-avortement ». Lors de sa sortie aux États-Unis, seule la chaîne conservatrice Fox News avait accepté de diffuser la bande-annonce du film, racontait Télérama en avril 2019 ; les autres auraient refusé en raison de « la nature sensible du sujet ». En France, Unplanned n’a été distribué que par Saje, une plateforme de films chrétiens.

La programmation du film par C8 aurait suscité l’indignation au sein même de la chaîne. Doit-on pour autant interdire sa diffusion ?

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