Le film Les Nuits de Mashhad, attaqué par les ultra-conservateurs iraniens

Les ultra-conservateurs iraniens, qui avaient déjà vivement protesté après la sélection par le Festival de Cannes des Nuits de Mashhad (Holy Spider, Ali Abbasi, 2022), qui raconte l’histoire d’un tueur en série de prostituées dans la principale ville sainte chiite du pays, s’indignent depuis plusieurs jours dans la presse et sur les réseaux sociaux de l’existence d’un film qui revient sur le parcours meurtrier de Saïd Hanaï, un père de famille qui, au début des années 2000, a étranglé seize prostituées à Mashhad pour « éradiquer le vice des rues de la ville sainte ». Une justification qui, à l’époque, lui avait valu une certaine popularité.

Un film controversé en Iran, que personne n’a encore vu, qui a permis à l’actrice iranienne Zar Amir Ebrahimi, qui s’était illustrée dans des séries télévisées populaires avant qu’une affaire de sextape ne ruine sa réputation et ne la contraigne à quitter son pays pour s’installer en France en 2008, de remporter le prestigieux Prix d’interprétation féminine à Cannes en mai 2022 pour son rôle de journaliste.

Avec le personnage de cette femme, le réalisateur Ali Abbasi, qui désormais vit au Danemark, entend dénoncer « la misogynie et l’hypocrisie religieuse de la société iranienne ». Une intention qui ne passe pas auprès de la presse conservatrice de Téhéran et l’Organisation cinématographique d’Iran, proche du gouvernement, qualifiant de « choix politique » du festival de Cannes de récompenser un film qui présente une « image déformée » de la société iranienne, et le ministre de la Culture, Mohammad Mehdi Esmaïli, menaçant même de « punir » tous les Iraniens ayant collaboré au film tourné en Jordanie avec un groupe d’expatriés. Selon le journal ultraconservateur Kayhan, Les Nuits de Mashhad n’est d’ailleurs pas un film, mais « un ouvrage de propagande visuelle contre le peuple iranien et la religion musulmane ».

Même si l’ancien vice-président Mohammad Ali Abtahi, et la secrétaire générale du principal parti réformateur, Azar Mansouri, ont tous deux félicité Zahra Amir Ebrahimi après l’obtention de son prix cannois, Les Nuits de Mashhad n’a vraisemblablement aucune chance de sortir prochainement dans les cinémas iraniens.