En sélection officielle à Cannes, représentant le Pakistan dans la course aux Oscars, Joyland est finalement interdit par Islamabad

Après avoir reçu de nombreuses plaintes selon lesquelles « le film contient des éléments hautement répréhensibles contraires aux valeurs sociales de la société » et « aux normes de décence et de moralité » rappelées à l'article 9 de la Motion Picture Ordinance de 1979, Marriyum Aurangzeb, le ministre de l'Information et de la Radiodiffusion du gouvernement fédéral du Pakistan, a retiré le visa d’exploitation au film Joyland le 11 novembre 2022, pourtant accordé par le Central Board of Film Censors (CBFC) le 17 août dernier.

Sarwat Gilani, l'un des acteurs principaux, a expliqué sur Twitter « que les autorités ont cédé à la pression de certaines personnes malveillantes qui n'ont même pas vu » Joyland, qualifiant de « honteux le fait qu'un film réalisé par 200 Pakistanais pendant plus de six ans, qui a été ovationné de Toronto au Caire en passant par Cannes, soit entravé dans son propre pays ». Les producteurs et le réalisateur ont fait appel de la décision ministérielle.

Le film se déroule à Lahore et raconte l'histoire du plus jeune fils d'une famille de la classe moyenne, qui, prié de devenir père et de trouver un emploi, déniche un petit boulot dans un cabaret. Il tombe alors sous le charme d’une danseuse sensuelle et magnétique… transsexuelle.

Écrit et réalisé par Saim Sadiq, produit par Apoorva Guru Charan, Sarmad Sultan Khoosat et Lauren Mann, Joyland, Prix du Jury Un certain regard au dernier Festival de Cannes et sélectionné pour représenter le Pakistan à la prochaine cérémonie des Oscars, aurait dû sortir le 18 novembre dans les salles de cinéma pakistanaises.

Face au tollé suscité par leur décision, les autorités pakistanaises ont finalement autorisé le 17 novembre la sortie de Joyland dans une version dont certaines scènes ont été coupées, en excluant sa distribution dans le district de Lahore. « Il n'y a aucun obstacle de (notre) part à sa diffusion », a déclaré à l'AFP Muhammad Tahir Hassan, le chef du CBFC.

Il sortira en France le 28 décembre 2022.