Pour ne pas être interdit au Royaume-Uni, Poor Things est censuré par son distributeur

Lion d’or à la Mostra de Venise en 2023, Poor Things (Pauvres créatures) a-t-il frôlé l’interdiction totale au Royaume-Uni ? On peut le supposer à la lecture du communiqué mis en ligne par le British Board of Film Classification (BBFC) qui vient tout juste d’interdire le film de Yorgos Lanthimos aux mineurs : « Nous avons informé le distributeur que nous pourrions le classer aux moins de 18 ans à la seule condition qu’une courte scène de sexe en présence d'enfants soit modifiée. » Ce que Disney a accepté de faire pour se conformer à la loi anglaise de 1978 sur la protection des enfants, avant de présenter officiellement Poor Things à la classification du Bureau de classification.

La séquence controversée, désormais supprimée de la version britannique qui sera présentée aux seuls spectateurs adultes le 12 janvier 2024, montre deux jeunes garçons regardant Bella Baxter (Emma Stone) se prostituer. Une version expurgée qui, selon certains, pourrait être la version définitive exploitée dans le monde entier.

Interrogé en septembre 2023 à Venise, le réalisateur a expliqué que cette scène de sexe et d’autres étaient essentielles à l’histoire pour ne pas trahir l’esprit du roman éponyme d'Alasdair Gray publié en 1992, qu’il adapte et porte à l’écran : « C'était très important pour moi de ne pas faire un film qui serait prude car ce serait trahir complètement le personnage principal. Nous devions être confiants et encore une fois, comme le personnage, n’avoir aucune honte. » Lors d’un entretien donné à Total Film Magazine, Emma Stone n’a pas dit autre chose : « Bella n'a pas honte. Elle ne sait pas avoir honte d'un corps nu ou du sexe, de la même manière, elle met une tonne de tartes dans sa bouche, ou se saoule et s'endort, et vit toutes ces expériences. Elle veut profiter au maximum de la vie. Et le sexe, pour elle, en fait partie. »

Interdit aux mineurs aux États-Unis, en Argentine, au Brésil, au Canada, en Allemagne, en Irlande, au Japon, en Nouvelle-Zélande, aux Philippines, en Corée du Sud, le film sera autorisé pour tous publics dans les salles françaises à compter du 17 janvier 2024 avec l’avertissement suivant : « Dans un climat général qui peut déranger un public sensible, ce film présente des scènes de sexe et de violence. »

Poor Things raconte l’histoire de Bella Baxter, une femme réanimée après son suicide, qui se lance dans un voyage de découverte de soi et de libération sexuelle à l’époque victorienne.