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Après quelques recherches effectuées sur le site du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) à l’occasion de l’interdiction aux mineurs du film d'horreur Terrifier 3, nous découvrons un peu par hasard l'existence et la mise en ligne il y a déjà près d’un an du rapport d’activité de la commission de classification des œuvres cinématographiques pour 2022. Et dire que nous sommes passés à côté... diantre ! La publication du rapport d’activité de la Commission étant désormais annuelle, le prochain, celui de 2023, devrait donc être proposé d'ici à la fin de cette année.
Alors que dit le rapport de 2022 ?
Sur une quarantaine de pages, le rapport offre non seulement de faire le traditionnel bilan statistique, mais aussi de prendre le temps de l’exploration. Un programme des plus réjouissants, précisé dans l’introduction :
« Comme les statistiques le montrent dans sa première partie, le niveau de l’activité cinématographique est en hausse et, de ce fait, celui de la commission a retrouvé son rythme d’avant Covid. Pour cet exercice, il a été fait le choix de présenter, après les statistiques, le nouveau dispositif des visas dits exceptionnels [...] qui relève d’un système d’autorégulation […]. Ensuite, les projecteurs sont mis sur le travail effectué quotidiennement, toute la semaine et tous les jours, toute l’année, par les comités qui visionnent tout ce que la création cinématographique produit. […] Enfin, comme l’année passée, sont présentés les recours gracieux formés devant la commission lorsque le distributeur ou le producteur sollicite un nouvel avis après un premier visionnage en commission, parce que la mesure restrictive proposée pour l’œuvre qu’ils défendent ne les satisfait pas. Sont alors examinés les films Plumes de Omar El Zohalry, Bowling Saturne de Patricia Mazuy et X de Ti West.
Un sommaire alléchant qui propose en outre aux lecteurs d’entrer dans les coulisses de la classification pour suivre le travail des membres des comités et nous faire découvrir « leurs interrogations mais surtout leur intérêt et leur engagement pour ce que chacun d’eux qualifie, à sa manière, mais sûrement, de véritable mission. […] la confirmation du sérieux, de l’honnêteté intellectuelle, de l’investissement et du dynamisme dont font preuve les comités, incarnés par des personnes venant d’horizons très différents. »
Le rapport nous apprend ainsi que « les 70 membres des comités se répartissent en 10 groupes de sept personnes, qui se réunissent chaque jour de la semaine, matin et après-midi, pour visionner l’ensemble des œuvres cinématographiques, y compris leurs bandes-annonces. Les séances du comité, organisées par demi-journée, comportent généralement un ou deux longs métrages (selon leurs durées) et un ou plusieurs courts métrages ou bandes annonces. La durée d’une séance est d’environ trois heures et demie. À l’issue de la séance, le rapporteur rédige un résumé de l’œuvre et signale l’autorisation "tous publics" ou les restrictions, demandées par les membres ».
L'approche de certains membres peut parfois surprendre : « J’adore ne pas savoir ce que je vais voir. Plus de la moitié des films sont à jeter à la poubelle, mais ça ne fait rien. Le plaisir de la découverte l’emporte sur la déception. »
D’autres, heureusement, prennent davantage de recul : « Si la violence n’aide pas à comprendre une situation sociale, si elle n’est pas au service du sujet du film, si elle est voyeuriste alors elle justifie une interdiction. Il faut trouver le bon équilibre, montrer des sujets difficiles en faisant très attention à leur traitement. Pareil pour le sexe. Une scène d’amour entre deux personnes, c’est la vie. Mais quand le sexe est violent ou trop cru, nous devons prévenir. Les jeunes n’ont pas la maturité pour comprendre. Notre tâche est complexe, il faut préserver le romantisme sans les choquer. »
La restriction envisagée par un comité ne constitue pas un avis, mais un motif de renvoi d’un film en Commission qui seule peut formuler une proposition d’interdiction au ministre de la Culture pour décision. Un dispositif bien rodé qui fait dire à un membre interrogé : « Lorsqu’on renvoie un film [en Commission] atrocement pervers ou un navet sanglant, il m’arrive de les plaindre. Ils ne visionnent que des films comportant des scènes de violence, d’horreur ou de sexe. »
Au moins, ça c'est dit !