Des menaces contre un documentaire sur le Falun Gong et un trafic d’organes cautionné par la Chine

Sélectionné pour l’Oscar du Meilleur documentaire 2025, le film canadien State Organs (Raymond Zhang, 2024) raconte le parcours de deux familles adeptes du Falun Gong, à la recherche de leurs proches victimes d’un trafic d’organes cautionné par Pékin.

Projeté à Taïwan, aux États-Unis et au Japon depuis le mois d’octobre 2024, le documentaire fait l’objet d’une campagne de dénigrement. Des menaces sont proférées contre les exploitants de salles qui le programment et des pressions sont exercées sur les journalistes qui souhaitent en parler. Un courriel jure ainsi de divulguer des informations personnelles sur tous les employés d’un cinéma à Taipei, un autre promet d’attaquer les spectateurs en cas de projection, un autre encore annonce avoir posé une bombe dans les locaux d’un journal tenté d’en faire la promotion. Des menaces prises très au sérieux par la police de Taïwan qui cependant privilégie la piste d’une cyberattaque orchestrée depuis la Chine.

Pour le réalisateur, le parti communiste chinois est assurément derrière toute cette affaire, ses dirigeants ne souhaitant pas que l’on parle du programme secret de prélèvements forcés d’organes pratiqués sur les adeptes du Falun Gong, un mouvement spirituel interdit en Chine depuis 1999 : « Le Parti a peur de révéler au monde ce crime génocidaire et il fait tout pour le dissimuler. » Rumeur ou réalité ? Toujours est-il que la Commission des Affaires étrangères et de la Défense nationale de Taïwan a jugé la question suffisamment pour ordonner une enquête parlementaire.

Rappelons que trois États américains ont adopté des lois interdisant aux compagnies d’assurance maladie de financer des transplantations d’organes en lien avec la Chine, et qu’un projet de loi sur la protection du Falun Gong adopté par la Chambre des représentants des États-Unis en juin 2023, vise à sanctionner les personnes qui facilitent ces crimes d’une peine pouvant aller jusqu’à 20 ans de prison (le texte doit encore être voté par le Sénat américain).

Le film sera présenté en avant-première en France le 21 décembre 2024 à Paris.