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La projection du Dernier tango à Paris (Ultimo tango a Parigi, Bernardo Bertolucci, 1972) est programmée par la Cinémathèque française le 15 décembre 2024 dans le cadre d’une rétrospective consacrée à Marlon Brando jusqu’au 2 janvier 2025. Une initiative dénoncée par Anne-Cécile Mailfert : « Et depuis quand une scène de viol rend hommage à celui qui le commet ? », pointant du doigt la séquence où le corps d’un quinquagénaire terrasse celui d’une jeune femme de 19 ans sur le parquet d’un grand appartement parisien. Une « scène de viol [qui] n'existait pas dans le scénario » original, une scène imaginée au tout dernier moment, le matin même du tournage par le réalisateur avec la complicité de son acteur. « Ce crime, la caméra l'a capté sur l'instant, le public l'a consommé et l'industrie l'a récompensé. » En colère, elle poursuit : « Le Dernier tango à Paris montre [...] une jeune femme sacrifiée sur l'autel de la toute-puissance masculine » qu’aucun avertissement ne vient expliquer aux spectateurs.
Excédée, elle ajoute : « Alors qu'une commission d'enquête sur les violences sexuelles dans le cinéma est en cours à l'Assemblée nationale, impulsée par Judith Godrèche, alors que des actrices comme Adèle Haenel osent dénoncer et quitter un système qui les broie, pourquoi une institution publique comme la Cinémathèque française continue-t-elle d'honorer ces monuments d'un patriarcat cinématographique sans un mot de mise en contexte, sans réflexion sur l'éthique de la création ? […] L'excuse de l'art est le cache-sexe d'une tentative désespérée de garder la main sur cette puissance phénoménale du cinéma, celle de fasciner les imaginaires. Il serait temps que la Cinémathèque vive avec son temps, car le mouvement est en marche, grâce aux femmes qui parlent, qui s'organisent, qui refusent de danser au rythme imposé par les puissants. Et ce dernier tango-là, c'est elles qui vont le mener. »
Pour mettre fin à la polémique, après avoir d’abord décidé d’organiser un débat avant la séance, la Cinémathèque annule la projection « dans un souci d’apaisement des esprits » face aux « risques sécuritaires encourus », ajoutant dans son communiqué : « La sécurité de nos publics et de nos personnels [passe] avant toute autre considération. »