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CENSURE & CINEMA

CENSURE & CINEMA

Collection Darkness, censure et cinéma


Les réalisateurs de Mon gâteau préféré poursuivis par la justice iranienne

Publié par darkness-fanzine.over-blog.com sur 1 Février 2025, 09:19am

Catégories : #interdiction, #cinéma, #Iran, #Mon gâteau préféré

Les cinéastes iraniens Maryam Moghadam et Behtash Sanaeeha dont le film Mon gâteau préféré (2024, Keyk-e mahbub-e man, کیک محبوب من) sera proposé dans les salles françaises à compter du 5 février 2025, font l’objet d’une procédure judiciaire pour « propagande contre le régime », « incitation à la débauche et à la prostitution » ou encore « violation des lois islamiques par la vulgarité du film ». Des menaces qui ont commencé près de deux ans avant le début du tournage, avec une première descente des Gardiens de la Révolution dans leurs bureaux pour saisir des ordinateurs puis plus tard leur passeport.

Depuis, les deux réalisateurs sont régulièrement soumis à des convocations et à des interrogatoires : « Une fois par mois ou parfois tous les deux mois, nous devons écrire des pages et des pages […] Nous attendons désormais la décision du tribunal », explique Behtash Sanaeeha qui ajoute : « Ils ne veulent pas que le film soit montré. Quand le film part en festival ou doit être distribué dans un pays, ils nous appellent et nous forcent à stopper sa sortie que ce soit en France, en Italie, en Allemagne ou partout ailleurs. »

Mon gâteau préféré montre ainsi l'actrice principale Lili Farhadpour qui ne porte pas de voile dans sa maison, ce qui ne convient pas aux autorités de Téhéran : « Dans les films iraniens depuis 45 ans, on voit par exemple une femme iranienne se réveiller avec son hijab au lit. Mais c'est absurde car cela n'arrive pas en réalité dans les foyers iraniens, même dans les familles religieuses, les femmes ne dorment pas avec le hijab ! […] Quand Maryam et moi avons décidé de raconter la vraie vie des femmes iraniennes, la première chose à laquelle nous avons pensé, c'est d'oublier tous ces mensonges, ces lignes rouges et la censure. […] C'est important de montrer la réalité aux autres, à l'étranger aussi, d'expliquer que nous ne sommes pas ce que ce gouvernement voudrait que l'on soit. Nous sommes comme vous, des gens normaux ! », précise Maryam Moghadam.

Le film raconte aussi les illusions perdues d'une génération qui a vécu la Révolution islamique, de personnes qui ont connu la vie « sans ces restrictions sociales comme le hijab, l'interdiction de boire, de danser, de chanter. Des femmes et des hommes qui ont cette mémoire du passé ». Le film, dont le tournage a eu lieu pendant le mouvement de protestation Femme, vie, liberté après la mort de Mahsa Amini arrêtée par la police des mœurs en septembre 2022, y fait aussi allusion. « Plus de deux ans après, la plupart des femmes n'ont plus peur. On espère que les cinéastes, de plus en plus, vont arrêter ces mensonges et braver la censure », conclut Maryam Moghadam.

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