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Le 9 avril 2025, la commission d'enquête parlementaire relative aux violences commises dans les secteurs du cinéma, de l’audiovisuel, du spectacle vivant, de la mode et de la publicité, créée le 9 octobre 2024 et présidée par la députée écologiste Sandrine Rousseau, publie son rapport. Dès l’introduction, le ton est donné :
« On s’interroge souvent sur la nécessité de séparer l’homme de l’artiste, la relation de travail de la création, le juste de la réhabilitation. On s’interroge moins sur celle de séparer la victime de l’artiste ; on efface aisément les deux dans un même mouvement. La cancel culture, tant décriée s’agissant des auteurs de violences, concerne pour l’heure essentiellement leurs victimes. Combien de victimes ont ainsi vu leur carrière arrêtée, ralentie, effacée, cassée, fissurée, réorientée ? Qu’elles s’appellent Maria Schneider, Adèle Haenel, Sara Forestier ou Judith Godrèche, toutes ont vécu de profonds changements à partir du moment où elles ont parlé. Et pourtant, dans aucune audition, cet effacement n’a véritablement été relevé. La violence sexiste et sexuelle prend peut-être là sa forme la plus insidieuse : l’effacement sans bruit ni fracas. Alors que l’art est souvent appréhendé comme indissociable de la transgression, voire comme une transgression en lui-même, celles et ceux qui osent transgresser, par leurs mots, le silence institué autour des violences apprennent à leurs dépens que toutes les transgressions ne se valent pas. »
Si l’ensemble du monde de la culture est pointé du doigt - « les violences morales, sexistes et sexuelles dans le monde de la culture sont systémiques, endémiques et persistantes » - notamment pour son silence, le rapport s’interroge également sur le contenu des films allant même jusqu’à vouloir « poser le principe d’une interdiction de la sexualisation des mineurs à l’écran [...] et définir une liste d’exceptions très limitatives » (recommandation n° 8).
Le député centriste Erwan Balanant, rapporteur de la commission d'enquête, explique : « La sexualisation du corps des enfants, des jeunes femmes et des jeunes hommes entretient l’idée qu’il est licite de porter un regard chargé de désir sur des mineurs. À cet égard, une prise de conscience des milieux artistiques est nécessaire quant aux conséquences de telles représentations. Le rapporteur estime indispensable de poser le principe d’une interdiction de ces représentations sexualisées à l’écran et dans les photos de mode, par exemple en les montrant en sous-vêtements, en prévoyant certaines exceptions, mais très clairement définies. »
Si elle est mise en œuvre, une telle restriction serait une première dans l’histoire du contrôle cinématographique.