Le Festival de Cannes en fait-il trop ?

Visé par les plaintes déposées par trois anciennes compagnes, pour viols, violences physiques et morales en 2018, 2019 et 2020, l'acteur français Théo Navarro-Mussy, que l’on peut voir dans le film Dossier 137 (Dominik Moll, 2025) en compétition officielle à la 78^e édition du Festival de Cannes, a été interdit de tapis rouge le 15 mai 2025 par le délégué général du Festival en accord avec la production du film avant même l'ouverture du Festival. Une décision qui contrevient au principe de présomption d’innocence, les plaintes ayant été classées sans suite pour « infractions insuffisamment caractérisées » même si les trois plaignantes ont fait part de leur intention de se constituer partie civile.

Le comédien rappelle que la justice l’a mis hors de cause : « Je n’ai reçu aucune information qu’une quelconque procédure se poursuivait. Ce projet de plainte avec constitution de partie civile n’a pas été acté judiciairement à ma connaissance. »

Informé par l’association des acteur.rices, Thierry Frémaux justifie sa décision : « C'est parce qu'il y a recours et donc poursuite de l'instruction que le cas est non suspensif. Quand la justice passe définitivement, cela devient différent. » Il ajoute que les productions doivent désormais « assurer aux organisateurs que les conditions de sécurité, d'intégrité et de dignité des personnes ont été respectées tout au long du processus de fabrication » d'un film.

Une décision qui s’ajoute à la nouvelle charte du Festival de Cannes dévoilée le 12 mai 2025 qui désormais interdit, pour des raisons de décence, la nudité sur le tapis rouge ainsi que dans tout autre lieu du Festival. « Il ne s’agit pas de réglementer les tenues vestimentaires mais d’interdire la nudité totale sur le tapis rouge », indique le service de presse qui rappelle que la charte interdit aussi les baskets et « les tenues volumineuses, en particulier celles avec une longue traîne, qui entravent la bonne circulation des invités et compliquent l'installation dans la salle de cinéma ». Au-delà de la mode, le Festival de Cannes souhaite également préserver sa neutralité. Dès la première page de sa charte, il est rappelé que tous les « évènements ou manifestation à caractère politique, militant ou électoral n’ont pas leur place dans l’enceinte du Festival ». Les organisateurs justifient cette règle par la volonté de ne pas « heurter les sensibilités » de chacun. Toute manifestation politique sur le site du Festival doit ainsi être préalablement validée par l’organisation.

Rappelons enfin que depuis 2018, il est également interdit de s'arrêter pour se prendre en photo lors de la montée des marches, une consigne motivée pour des raisons de fluidité, de sécurité et de respect des horaires.